Togo: Interview with Laurent Fontaine

Laurent Fontaine

Directeur Général (Sogea Satom)

2014-11-11
Laurent Fontaine

On entend beaucoup sur le plan de la scène internationale que c’est la décennie de l’Afrique. Est-ce que vous pensez que l’Afrique a en effet un potentiel énorme pour que ce soit sa décennie ?

Je pense qu’effectivement l’Afrique est en plein développement et en plein boom. Il y a beaucoup de choses à faire en Afrique, parce qu’il y a un retard quand même conséquent, notamment dans tout ce qui est au niveau des infrastructures, notamment routières, portuaires, aéroportuaires, et aussi informatiques.

Il y a beaucoup de choses à faire pour développer tous les pays d’Afrique. Les Africains également sont en train de prendre leur place et d’être, eux-mêmes, acteurs de leur développement. Avec tout ça, on peut dire qu’il s’agit d’un cercle vertueux qui permet un développement à moyen terme qui, selon moi, sera très important.

 

Comment évaluez-vous la position du Togo aujourd’hui en Afrique de l’ouest ?

Je pense que le Togo a un avantage. C’est un pays qui, par sa situation géographique, permet de  desservir les pays de l’Hinterland, de manière très simple. En plus, le Togo dispose d’un port en eau profonde qui permet d’accueillir des bateaux de grande capacité. C’est un atout. La construction du troisième quai va booster le niveau des échanges commerciaux. Le réseau routier est en cours de rénovation pour mieux desservir les pays de l’intérieur et l’hinterland.

A cette allure, je pense que le Togo sera un acteur majeur en termes de transit dans la sous-région.

 

Quels sont les défis à relever dans le secteur des BTP ?

En termes d’infrastructures, c’est vrai que le Togo a relevé des défis énormes depuis 2010, puisqu’ils ont eu une période quand même très difficile pendant laquelle les infrastructures ont été complètement abandonnées. Donc on est quasiment parti de zéro en 2010. Il y a une grande partie du pays à reconstruire, à commencer par Lomé qui était la première étape dans le pays. Il y a eu beaucoup de chantiers en 2010-2011 à Lomé qui ont permis de lui redonner l’image de la capitale du Togo.

Derrière, c’est la poursuite de la rénovation des infrastructures à travers tout le pays, pour, d’une part, favoriser le transit, le transport des marchandises, et d’autre part, permettre le transport des personnes, puisque le Togo est aussi un pays avec une agriculture importante et un gros potentiel de développement agricole. Et cela passe aussi par la route, puisqu’il y a des zones qui sont enclavées et qui ne peuvent pas exporter leurs productions.

Donc on dira que ce qui a été fait jusqu’à présent était indispensable. Je pense qu’ils vont passer à la deuxième étape qui va leur permettre de développer encore plus le pays.

 

Donc on peut dire que SOGEA SATOM se positionne vraiment comme un chef de file dans le secteur des BTP en Afrique ?

Oui, SOGEA SATOM est présent en Afrique dans de multiples pays. On a toujours été présent. C’est ce qui fait un peu notre force. Nous sommes présents en Afrique depuis 80 ans, et au Togo depuis 60 ans.

On a démarré au Togo le 11 février 1964. On a donc l’expérience et la connaissance nécessaires, qui nous permet de développer davantage nos compétences, de poursuivre notre développement et d’essayer d’apporter un plus aux entreprises nouvelles.

 

Avez-vous des clients aussi bien du secteur privé que de la fonction publique ?

On a des clients privés. Et le pourcentage dépend des périodes. Mais je dirai que nous avons plus de clients au niveau de l’Etat.

Il y a des projets qui sont souvent ponctuels. C’est difficile de donner un pourcentage annuel, parce que chaque année réserve son lot de surprises. Dernièrement, on a décroché un gros projet privé.

 

Quels sont vos avantages compétitifs ?

Premièrement, c’est notre savoir-faire, notre organisation, et puis notre présence locale qui fait qu’on est capable de mener un chantier important dans le pays, de manière rapide et efficace. On maîtrise le mode de fonctionnement dans le pays.

Pour le matériel, on a déjà une grande partie sur place. On a les clés qui permettent d’aller vite pour faire de grands projets sans problème.

 

Qui sont vos principaux concurrents dans le secteur au Togo ?

Il y a plusieurs grosses entités locales. CECO GROUP par exemple qui exécute de nombreux projets dans le pays. L’entreprise GER aussi est active.

 

Sogea Satom en chiffres au Togo ?

On emploie environ 600 personnes. Un chiffre d’affaires compris ente 30 et 40 millions d’euros.

Nous n’avons pas une vision à très long terme, étant donné que nous ne sommes pas dans le domaine de l’industrie. On fonctionne grâce aux chantiers, et à la prise de commande ponctuelle.

Mais Sogea Satom se porte bien au Togo. Depuis 2010, nous sommes en progression. On a eu une petite stagnation en 2012, puis, en 2013, nous avons renoué avec la croissance.

 

Dans la philosophie de votre entreprise, vous vous intéressé au volet social. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Sogea Satom dispose en effet d’une politique sociale. Ça s’appelle l’ISA (Initiative SOGEA SATOM pour l’Afrique). C’est opérationnel depuis 5 ans déjà. L’idée, c’est de participer à des projets de développement. Souvent, on s’est retrouvé à faire, de façon imprévue, de petits travaux annexes pour aider les villages.

Le Groupe SOGEA SATOM avait souhaité aussi être un moteur dans ce domaine, et a actuellement une commission qui se réunit deux fois par an. Des réunions au cours desquelles on propose des projets. C’est un projet de collaborateurs avant tout. Ce n’est pas juste un projet à travers lequel on finance une ONG, ou toute autre association. On souhaite que ce soit nos collaborateurs qui en fassent la demande. Ce sont eux qui portent les projets. Il y a un comité de direction qui se réunit au siège du Groupe, et qui valide les projets qui semblent être les meilleurs ou les plus viables,  le but étant d’atteindre un objectif pérenne.

Ce sont de micro projets, mais ça permet de participer au développement des pays dans lesquels nous sommes présents, d’encourager surtout la réalisation des chantiers, et d’accompagner nos collaborateurs dans leurs initiatives.

 

Est-ce que le Groupe est coté en bourse ?

SOGEA SATOM appartient au Groupe Vinci. Et Vinci est effectivement coté en bourse.

Nous avons des entités locales dans chaque pays. On a des décideurs locaux qui gèrent les entreprises, en appliquant certes les règles qui sont fixées par le Groupe, et après, qui ont une pleine autonomie pour gérer leur entreprise, tout en rendant compte à la hiérarchie.

 

Vous avez travaillé à Lille, Saint-Denis, pour le Groupe COLAS. Qu’est-ce que vous avez appris durant votre carrière, et que vous mettez en pratique aujourd’hui à Sogea Satom ?

Beaucoup de choses. On apprend surtout dans notre métier à travailler avec les hommes. C’est ce qu’il y a de plus important. Les BTP sont un métier de relations humaines, que ce soit les collaborateurs avec lesquels on travaille, ou d’autres personnes, on arrive à en tirer le meilleur, à les faire travailler, à les faire progresser.

Avec nos clients, nous entretenons les meilleures relations humaines possibles, et en général, qu’on ait de si bonnes relations, aussi bien avec nos collaborateurs qu’avec nos clients, ça se passe bien. Les problèmes matériels et techniques, on arrive toujours à les solutionner.

 

Pensez-vous que ce soit aussi le rôle des entreprises privées de soutenir les initiatives du gouvernement qui visent à améliorer le cadre des affaires au Togo ?

On a évidemment notre rôle à jouer, dans la mesure des limites possibles. Toute entreprise opère pour être viable, rémunérer correctement ses employés et être autant que possible rentable. Après, on essaie évidemment d’accompagner le pays dans son développement.

On ne peut évidemment pas tout faire, puisqu’on est aussi restreint par nos coups internes. Si on augmente trop nos frais généraux, parce qu’on fait trop de dons, et qu’on organise une multitude d’évènements, après on n’est plus rentable, on n’est plus compétitifs par rapports aux appels d’offre. Donc il y a un juste milieu à trouver pour être rentable, compétitif et arrivé à apporter notre pierre à l’édifice de construction du pays.

 

Avez-vous un message à l’intention des investisseurs qui souhaiteraient venir investir au Togo ?

Je dirai que l’atout majeur du Togo, c’est sa stabilité. La vie est quand même agréable et simple. Je me sens bien au Togo. On se sent bien, tranquille, en sécurité. On n’est pas inquiet, on n’a pas peur, les gens sont agréables, très gentils, très abordables. On échange facilement avec eux. C’est un pays qui est accueillant.

Pour quelqu’un qui arrive en Afrique, le Togo est un pays où il est facile de s’installer. C’est un pays qui accueille des gens qui veulent rayonner dans la zone, puisqu’on a un aéroport en pleine reconstruction. On a la chance d’avoir un hub régional qui permet de desservir toute l’Afrique de l’ouest, et une partie de l’Afrique centrale. C’est un atout important, en plus du Port Autonome de Lomé qui permet d’importer facilement tout ce dont on a besoin. Les choses sont relativement simples.