Togo: Interview with Gnandé Djeteli

Gnandé Djeteli

Directeur Général (CEET)

2014-10-07
Gnandé Djeteli

On entend beaucoup sur la scène internationale que c’est la décennie de l’Afrique. Est-ce que vous pensez que l’Afrique a tout pour prendre son destin en main ?

 

Oui, je le pense bien. La première chose réside dans la volonté d’y aller, dans la mesure où le continent dispose des moyens et des ressources. Mais à condition d’instaurer la bonne gouvernance pour que le développement se fasse dans les normes.

 

Et comment évaluez-vous le rôle du Togo dans la sous-région ?

 

Le Togo joue maintenant un grand rôle dans la sous-région, en tant que plaque tournante tant sur le plan politique qu’économique. Le Togo est un pays relativement stable en Afrique de l’ouest et, par rapport aux pays de l’hinterland, le Togo est le pays par lequel transitent beaucoup de marchandises. Le développement de Lomé Container Terminal (LCT) en est un exemple. Le Port de Lomé offre des opportunités comme la sécurité des marchandises et la fluidité des transactions. A partir de Lomé, il est aisé de rallier Cotonou, Accra, Ouagadougou, par voie terrestre ou aérienne.

 

L’énergie constitue un levier essentiel pour le développement économique d’un pays car il influe sur tous les secteurs d’activité. Quelles sont les forces et les faiblesses du secteur énergétique au Togo ?

 

Les forces sont de deux ordres : l’existence des cadres compétents et expérimentés dans le secteur, et l’existence d’un cadre institutionnel et réglementaire.

 

Quant aux faiblesses, elles sont de trois ordres. Premièrement, l’absence d’énergie de source primaire pour la production de l’électricité, à savoir le pétrole, le gaz, le charbon et consorts. Deuxièmement, le système d’approvisionnement qui est trop dépendant des importations. L’énergie que nous utilisons aujourd’hui est importée à travers la Communauté Electrique du Bénin (CEB) qui est une structure créée par le Bénin et le Togo et chargée de faire l’approvisionnement pour les deux Etats. La CEB aussi importe l’électricité avant de nous la revendre.

 

Troisièmement, il y a des insuffisances notées dans le cadre institutionnel et réglementaire : l’absence de cadre approprié pour les énergies renouvelables est une très grande faiblesse.

 

De quelle façon la CEET contribue à l’émergence du Togo ?

 

La CEET, ayant compris que l’énergie est le levier du développement économique et social du pays, s’attèle chaque jour à mettre une énergie de bonne qualité à la disposition des usagers et à faciliter l’accès à l’électricité. Nous nous attelons à l’extension du réseau dans les villes et villages.

 

Le Togo a signé un contrat d’achat-vente avec Contour Global, un producteur indépendant, en vue de fournir de l’énergie en continu et éviter les crises énergétiques que d’autres pays voisins ont connues. La CEET dispose d’un guichet appelé « les grands comptes », qui s’occupent des formalités d’installation des investisseurs et des industriels. Dans ce cadre, la CEET cherche des partenaires pour le financement des projets en vue d’améliorer le service car le taux d’accès à l’électricité est aujourd’hui très faible.

 

Et quelle est votre stratégie pour chercher les partenaires qui puissent apporter ces financements ?

 

Notre stratégie, c’est d’obtenir des financements qui permettent de faire des travaux de réhabilitation et de renforcement des trois secteurs que sont la production, le transport et la distribution. Notre challenge est d’améliorer notre production propre, notre réseau de transport et de satisfaire davantage notre clientèle en distribution.

 

Comment communiquez-vous pour chercher ces financements ?

 

La CEET étant en partie une société d’Etat, la plupart des financements sont obtenus par rétrocession. Des prêts sont obtenus par l’Etat et rétrocédés à la CEET. Mais il est de plus en plus important d’aller vers des partenariats public-privés. Encore que les conditions de financement puissent permettre à la CEET de continuer ses activités sans être étranglée par le remboursement de ces prêts.

 

Pouvez-vous me donner quelques chiffres clés de la CEET ?

 

A ce jour, nous avons 233.000 clients ; l’énergie livrée au réseau fait 967 giga wattheures ou 967.000 méga wattheures ; le taux de perte de réseau est 18,81%, englobant la perte technique causée par le transport et la perte non technique due essentiellement à la manipulation de l’homme ; le taux de recouvrement représente 94% pour les privés ; la vente de l’énergie se chiffre à 84,4 milliards de francs Cfa et le chiffre d’affaires, qui est croissant, est autour de 108 milliards de francs Cfa.

 

En 2013, vous avez lancé un programme quinquennal d’investissement pour améliorer le taux de couverture des foyers de 26%. Qu’en est-il ?

 

Avec l’aide de l’Agence Française de Développement, nous sommes en train d’élaborer le schéma du plan directeur et notre souhait est d’atteindre le taux de 48% d’électrification à l’horizon 2025. Ceci a nécessité beaucoup d’investissements sur la période 2010-2013. Il y a déjà une bonne partie de ce projet qui a été réalisée avec l’assistance de la BOAD. Et les prêts rétrocédés par l’Etat pour l’électrification rurale nous permettent d’aller de l’avant.

 

Vous êtes à la tête de la CEET depuis décembre 2011. Quelle a été votre grande satisfaction en tant que Directeur général ?

 

Il faut déjà dire que je viens d’un autre secteur. Mais depuis que nous sommes là, il y a une réorganisation qui s’est opérée. La satisfaction se sent tant sur le plan social que technique.

 

Au niveau de la clientèle, nous avons amélioré le niveau du service, rapproché davantage le service de la clientèle et essayé de régler les problèmes sociaux de la société.

 

Sur le plan technique, nous avons rapidement trouvé une solution pour l’acquisition de matériels logistiques mis à la disposition des travailleurs, même si cela n’atteint pas le niveau escompté. Il y a donc une petite satisfaction pour ce début.

 

Je suis Docteur en Physique, enseignant à l’Université de Lomé et j’ai travaillé dans un laboratoire en énergie solaire. Ceci étant, le domaine de l’électricité ne m’est pas étranger. Le langage m’est familier, je peux aisément discuter avec les ingénieurs et, rapidement, on se met en symbiose dans la recherche des solutions appropriées. J’ai aussi une compétence en administration des entreprises et en ressources humaines. Toutes ces compétences m’ont aidé à avancer dans mon travail en tant que directeur général.

 

Quel message enverrez-vous aux investisseurs qui souhaitent s’installer au Togo ?

 

Le message est très simple : en choisissant le Togo pour l’investissement, ils ne se tromperont pas, avec le climat apaisé, les textes réglementaires sans ambigüité et attractifs pour l’investissement. Ils peuvent faire fructifier leur argent en découvrant les opportunités que j’ai évoquées plus haut.