Togo: Interview with Adji Otèth AYASSOR

Adji Otèth AYASSOR

Ministre de l’Economie et des Finances (Gouvernement)

2014-10-07
Adji Otèth AYASSOR

Nous écoutons beaucoup sur la scène internationale que c’est la décennie de l’Afrique. Pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin en main ?

 

Je répondrai à cette question par l’affirmative. La preuve est là aujourd’hui. L’Afrique connait une grande croissance.

 

Au plan national, il y a eu pas mal d’efforts qui ont été faits dans la recherche du savoir, la création des universités et des centres de formation.

 

Sur le pan de la croissance économique, il y a tous les fondamentaux. Il y a aussi une volonté au niveau des gouvernements. C’est vrai que nous faisons face à pas mal de difficultés, notamment l’insécurité, l’instabilité politique. Mais il y a une volonté d’aller de l’avant. J’en suis convaincu aujourd’hui.

 

Quelle est la position actuelle du Togo en Afrique de l’ouest ?

 

Le Togo est en croissance. Le régime actuel est arrivé à la tête de ce pays en 2005. Un pays qui venait de sortir d’une longue léthargie, avec la suspension de la coopération pendant 15 ans qui a sapé son économie durant cette période. Il y avait des difficultés à l’époque, mais le pays n’était pas si mal placé dans la sous-région. Mais avec la crise, nous avons tout perdu. Il a fallu tout recommencer.

 

Le chef de l’Etat togolais s’est investi à ramener la paix. Je suis arrivé à la tête de ce ministère en 2007. Nous avons lancé notre vaste programme de réformes économiques en 2008, avec l’appui du FMI.

 

Aujourd’hui, nous sommes toujours dans le processus de restructuration du secteur bancaire. Il y a déjà deux banques privatisées. Nous comptons poursuivre avec la privatisation des deux autres banques, mais nous avons décidé, au préalable, de fusionner la BTCI et l’UTB ; les fusionnant d’abord, et les privatisant le plus rapidement que possible. Sur les deux banques, la BTCI ne se porte pas très bien. La banque a de sérieuses difficultés. Ce que nous allons devoir faire, c’est de créer une structure pour pouvoir régler le passif. Le reste, nous allons mettre ça dans la fusion avec l’UTB. C’est ce que nous comptons faire.

 

Tout ceci contribue à notre taux de croissance. Nous soutenons aussi l’agriculture vivrière par la mise à disposition des intrants à des taux subventionnés. Tout cela fait que ça marche.

 

Il y a aussi les industries extractives, un secteur qui a été en détresse pendant très longtemps. Aujourd’hui, grâce aux investissements, il commence à émerger. Il fallait renouveler plusieurs choses pour rendre la filière plus opérationnelle. Ce que nous avons fait. Aujourd’hui, il faut aller plus loin pour créer de la valeur ajoutée. Dans le temps, on produisait de la matière brute, avec une semi-transformation, avant l’exportation. Aujourd’hui, nous voulons créer une valeur ajoutée en produisant des fertilisants, des engrais. Le monde en a besoin. Nous sommes déterminés à créer de la valeur ajoutée.

 

Le Togo dispose encore d’importantes réserves, surtout en ce qui concerne les phosphates carbonatés. Nous avons lancé des appels d’offre en ce sens pour l’exploitation. Notre objectif, c’est de pouvoir créer des usines de transformation des engrais.

 

Un autre secteur, ce sont les BTP. Vous avez la possibilité de voir aujourd’hui la différence grâce aux investissements dans les infrastructures routières. Nous voulons aussi régénérer les chemins de fer, avec le projet Togo Invest. Le port également se redynamise. Bolloré s’active en renforçant les capacités de ce port. LCT fera du transbordement. Le Togo est une fenêtre maritime ouverte sur le Sahel. Il faut aussi faire de ce pays, un pays de transit. Ce que nous faisons.

 

Ce sont toutes ces actions mises ensemble qui nous permettent d’avancer. Nous avons besoin d’investissements dans le domaine de la pêche. Il y a un port minéralier en projet. Celui que nous avons aujourd’hui est exigu. Dans le même temps, il y a une centrale qui va être mise en place. Nous envisageons importer du charbon. Tout cela nécessite des financements.

 

Avec les efforts en matière d’amélioration du climat des affaires, ça promet. Plusieurs réformes sont en cours, dont l’Office Togolais des Recettes (OTR). Nous avons commencé par mettre en place les organes. Nous venons de finir avec le redéploiement du personnel. Il appartient maintenant à cet Office d’augmenter les ressources pour faire face à la demande sociale de plus en plus forte. Il y a beaucoup de niches fiscales. Il faut aller à leur recherche. Le secteur informel occupe une place importante. Notre objectif, c’est de pouvoir faire venir l’informel dans le formel.

 

Quelle est votre plus grande satisfaction depuis que vous être Ministre de l’Economie et des Finances au Togo ?

 

Je suis professeur de carrière. J’enseignais le droit à l’université. On m’a d’abord fait appel pour être secrétaire du ministère de l’Education dans les années 2000.

 

Le temps que j’ai passé là-bas, ainsi que dans les universités, m’a permis de me rendre compte de beaucoup de choses. J’étais également Secrétaire général de la Présidence de la République en 2006.

 

Je suis arrivé au ministère de l’Economie et des Finances en 2007. A ce moment, c’était difficile. Très difficile. A tel point que je me suis posé la question pourquoi le chef de l’Etat a jugé bon de m’envoyer ici. J’ai osé lui poser la question. Les indicateurs économiques étaient rouges.

 

Maintenant, ça va mieux. Le Togo remonte. On a rencontré beaucoup de difficultés, mais avec la confiance et la volonté du chef de l’Etat, les indicateurs sont aujourd’hui au vert. Cette nomination m’a permis de me connaître, de me découvrir. C’est ma plus grande satisfaction.