Guinea, Republic of: Interview with M. Chanou Moukaramou

M. Chanou Moukaramou

Directeur Général (Ecobank Guinée)

2017-10-19
M. Chanou Moukaramou

Monsieur le Directeur Général, étant donné ses ressources énergétiques, minières et agricoles, la Guinée a le potentiel pour devenir encore le plus grand et le plus important acteur dans la région.  Selon vous, quelles sont d’autres opportunités d’investissement pour la Guinée ?

Potentiellement la Guinée est un acteur important dans la sous-région. De par ses ressources humaines et naturelles, comme le secteur de l’agriculture, des mines et du tourisme, qui est un secteur qu’il faut promouvoir. Depuis à peu près six ans maintenant avec l’arrivée du Prof. Alpha Condé au pouvoir, on a commencé à avoir un certain nombre d’assainissement au niveau financier et judiciaire. Cela incarne favorablement aux hommes d’affaires qui veulent venir investir en Guinée dans tous les secteurs que nous venons de citer.


Ces dernières années le secteur de l’investissement direct à l’étranger est très compétitif en Afrique de l’Ouest, avec l’ensemble des pays de la région qui se battent pour sécuriser un maximum d’investissement étranger. Selon vous, quelles sont les avantages comparatifs majeurs de la Guinée par rapport aux autres pays de la région ?

Le plus grand avantage est la diversité des domaines dans lesquels on peut investir en Guinée. Ce champ est encore vaste, il y a beaucoup de choses qui restent encore à faire, comparé aux autres pays de la région, comme la Cote d’Ivoire.

L’agriculture dans les années 60 occupait la première place dans la sous-région, aujourd’hui, elle a un niveau très bas. Au niveau des mines et de l’énergie, il y a de quoi faire également. Cela veut dire que le potentiel naturel de la Guinée est très important et beaucoup plus grand que ceux des autres pays de la sous-région.

L’avantage de la Guinée par rapport aux autres pays de L’UMOA c’est qu’elle possède sa propre monnaie. Cela pourrait constituer un frein aux investisseurs mais cela n’est pas le cas. En Guinée, il peut se poser le problème de convertibilité au niveau des devises. Cependant avec les exportations de nos minerais à l’étranger, la Guinée bénéficie d’un grand nombre de devises lesquelles aujourd’hui font face à l’importation.


Sous la présidence de Son Excellence le Professeur Alpha Condé le pays avait fait de grands progrès au niveau de la transparence et de la démocratisation. Cela favorise les investissements étrangers et stimule la croissance économique. Qu’est-ce que cela signifie pour le secteur bancaire et comment voyez-vous ça comme une opportunité pour attirer plus d’investissements étrangers ?

Dans le secteur bancaire, la stabilité de la monnaie est très importante et cela depuis l’arrivée du Prof. Alpha Condé. C’est en fin de l’année 2015 que nous avions connu une forte variation ou dépréciation de la monnaie nationale qui était un peu volontaire. C’était une évaluation de la monnaie guinéenne par rapport aux dollars.

De plus, le pays doit subir encore plusieurs réformes, par exemple au niveau de la justice, car en tant que la banque on a encore des difficultés à couvrir des créances quand on a à faire aux créanciers.

Sur le plan d’infrastructures, il y a également un grand déficit, il s’agit des infrastructures routières, hôtelières et énergétiques. Au niveau de l’énergie nous avons le barrage Kaléta qui fonctionne aujourd’hui mais qui ne couvre pas tous les besoins. Pourtant, c’est très important pour les petites industries.

Si vous fonctionnez sur le courant électrique, cela est beaucoup moins cher que les groupes électrogènes. Quand vous êtes producteurs, vous n’avez pas de route pour transportez vos produits vers les consommateurs et cela pose un problème. Mais, il faut le dire, des efforts sont faits à ce niveau-là. Il ne s’agit pas forcément de Conakry. Cependant à l’intérieur du pays, il y a des pistes qui permettent aux paysans de pouvoir transporter facilement leurs produits. Tout ceci constitue des éléments qu’il faut privilégier, surtout la réforme de la justice.


Ecobank est présente dans le paysage bancaire africain depuis 1985. C’est la première banque africaine présente dans 36 pays du continent, en Afrique occidentale, orientale, australe et centrale. Vous avez une filiale à Paris et aussi des représentations à Pékin, Johannesburg, Londres et Dubaï. Ici en Guinée, Ecobank est entrée en activité en mai 1999 et compte 20 agences et 222 employés. Comment décririez-vous l’expérience d’Ecobank en Guinée depuis ses débuts ?

Nous pensons que c’est un groupe jeune qui a eu un succès historique. Comparé à des groupes panafricains comme City Bank, c’est un groupe jeune qui a installé sa filiale en Guinée en 1999. Cela fait à peine 18 ans depuis notre arrivée et nous avons révolutionné le secteur bancaire ici. Quand le groupe est arrivé, nous avons procédé à l’expansion des jours d’ouverture jusqu’à ouvrir les samedis. En termes d’innovation de service nous avons aussi beaucoup apporté dans le secteur.

Beaucoup de clients nous disent qu’avant notre arrivée ils étaient obligés d’aller voir les banques parce qu’ils attendaient dans leurs bureaux. Cependant depuis notre arrivée, nous avons établi à nouveau un bon contact avec les clients.

Plusieurs innovations ont été apportées. L’un de nos projets phares est lié à la digitalisation. Pour vous, en occident cela n’est peut-être pas une révolution, ici cela change tout.

En Afrique, notamment dans le cas de la Guinée, le taux de bancarisation est très faible. Nous sommes aujourd’hui autour de 5% à 6% de taux de bancarisation. En conséquence, nous éprouvons de grosses difficultés. Il nous est difficile d’atteindre certaines zones rurales éloignées. Pourtant, il faut aider ces gens par leur inclusion financière qui leur permettra de faire des opérations bancaires.

Avec l’ère de la numérisation, nous venons de lancer un produit ‘Ecobank Mobile’. Cela permet à n’importe qui d’ouvrir un compte sans aucune documentation à travers votre téléphone portable, comme en Europe. Je fais allusion au produit ‘Xpress Account’ d’Ecobank. Vous n’avez pas besoin d’aller en agence et tout se fait à travers votre téléphone mobile. Avec cette application vous pouvez faire votre transfert, votre achat chez les partenaires et vos retraits au Gab sans carte bancaire.

Nous contribuons beaucoup au financement de l’économie guinéenne dans tous ces secteurs. Dans les deux années passées, nous avons contribué au développement des infrastructures. Nous soutenons l’Etat dans ses efforts de développer tous ses différents secteurs d’économie.


Ecobank fait face à une concurrence accrue sur le marché avec des banques de renom comme Afriland, Fibank, la SGBG et la BICIGUI qui monopolisent plus de la moitié des parts de marché. Selon vous, quelles sont les avantages compétitifs majeurs d’Ecobank  et en quoi votre modèle de travail vous démarque-t-il de ces concurrents ? Que faites-vous pour vous assurer qu’elle reste la plus compétitive possible et attire plus d’investisseurs ?

La Guinée compte 15 banques de façon stable. Cependant le marché est dominé par trois banques principales : Ecobank, BICIGUI et Société Générale. Ces banques contrôlent environ 65 à 67% de part du marché.

Ce qui fait notre différence ce sont nos produits, nos hommes et notre approche clientèle. Nous avons classifié nos clients en trois catégories. Nous avons un département dédié aux multinationales, au commerc qui regroupe des PME (Petite et Moyenne entreprise) et un département dédié aux consommateurs

Cette classification est très importante par ce qu’on ne peut pas mélanger tout le monde dans le même panier. On ne peut pas accorder aux différents clients le même temps, car leurs besoins ne sont pas les mêmes. Il y a un département qui s’occupe de chacune des catégories de clients, par exemple des PME qui représentent le cœur de l’économie d’un pays, d’une manière générale constituent un secteur de très haut risque parce que leurs états financiers ne sont pas toujours fiables. Ce que nous avons fait, c’est de mettre en place un programme spécifique sans tenir compte forcement des états financiers. Nous avons des produits adaptés pour cette catégorie de clients.

Tout cela pour dire que chaque entreprise est bien suivie et possède un chargé de communication. Nous adaptons chaque fois nos produits pour pouvoir répondre aux besoins de la clientèle sur le marché. Le fait qu’on appartient au groupe qui couvre l’ensemble des pays africains permet à une entreprise, si elle le souhaite, de se développer dans la région ou dans la sous-région. Nous l’accompagnons dans sa démarche, car nous sommes interconnectés entre toutes les banques du groupe en Afrique.


L'intérêt d’Ecobank-Guinée sur le développement socio-économique de la Guinée est visible. Ecobank par sa fondation Ecobank lutte activement contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme qui est la première cause de mortalité en Afrique. Quels sont vos autres projets pour participer dans le développement socio-économique ? En quoi votre banque joue un rôle clé dans le développement non seulement économique mais social du pays ?

Je veux mentionner notre partenariat avec Orange Money par ce que c’est notre grande fierté. Ce programme a permis la digitalisation de la banque sur le téléphone mobile. C’est vrai que les autres banques ne se sont pas réveillées assez tôt, contrairement aux sociétés de téléphonies qui, elles, ont compris qu’il y avait une niche. Depuis ce moment nous avons commencé le développement de notre propre application.

Mais ceci étant nous en sommes vraiment fiers. Vous savez, nous ne sommes pas là seulement pour gagner de l’argent, nous avons aussi un rôle sociétal à jouer. En guise d’exemple : nous choisissons un jour qu’on appelle Ecobank Day pendant lequel on choisit une action sociale. La dernière fois cela a porté sur le thème de la santé et de l’éducation. Nous avons fait une campagne sur Ebola en 2014. De plus, on a aussi construit des écoles, on a aussi rénové des latrines, offert des tables-bancs et ceci jusqu’à l’intérieur du pays.

Les samedis, nos équipes se rendaient aux marchés pour balayer. Nous estimons que c’est normal de faire profiter les citoyens guinéens avant de penser aux actionnaires. On fait cela avant même la fin de notre exercice, nous dégageons un montant pour financer ces projets.


Maintenant, grâce à de très bonnes relations bilatérales entre la Chine et la Guinée, l'intérêt des investisseurs chinois sur les ressources et le développement de la Guinée est de plus en plus visible. Dans sa visite d'état en Chine l'année dernière, le président Alpha Condé avait dit lui-même: « Nous voulons que la coopération économique avec la Chine soit plus forte que la coopération politique. » Quel genre de résultat vous espérez de cette coopération entre les deux pays ? Qu’est-ce qu’elle peut apporter au secteur bancaire ?

Je pense que cette coopération est une relation qui donne du concret.

Le Professeur Alpha Condé a bien compris que la coopération entre les pays ne peut pas être qu’au niveau de la politique.

Les chinois ont, à plusieurs reprises, prouvé que leurs actions et leur travail c’est du concret. Nous pouvons parler du barrage Kaleta, du barrage Souapiti, etc. Je pense que des actes concrets comme ceux-là sont extrêmement importants. Cette coopération Alpha Condé l’a bien comprise.

En ce qui concerne cet accord qui a été signé il y a quelques semaines entre la Guinée et la Chine, il ne faut pas oublier que c’est un accord cadre. Cela veut dire qu’il faut soumettre des projets jugés valables afin de recevoir les financements. Je pense que ça peut transformer le pays. De plus, je pense que le pays a besoin du soutien des investisseurs. Nous avons besoin de la réalisation des vrais projets avec l’aide des autres pays.

De plus, je trouve que cela peut contribuer à apporter beaucoup de ressources au niveau du secteur bancaire guinéen. Ce sont des devises et des projets qui sont financés et qui vont créer beaucoup d’emplois en Guinée. Ca va également faire travailler les PME, car au niveau de la banque nous aurons à financer et accompagner les entreprises qui auront la charge de réaliser ces projets, donc pour nous, la banque va avoir plus d’investissements.

De nouvelles ressources vont être injectées dans le secteur bancaire. Ça va apporter de la modernisation, ça permet également à notre banque d’évoluer.


Votre nomination à la tête d’Ecobank Guinée est le résultat des années d'expérience dans ce secteur et spécialement dans cette institution où vous comptez 18 ans de travail. Quelles sont vos principales fiertés qui vous ont permis de réussir en tant que leader aujourd’hui ?

D’abord c’est la croyance que j’avais depuis le début dans ce projet bancaire. Je travaillais dans une banque en France avant de prendre la décision de rentrer au pays. Je dois avouer que c’était une raison personnelle.

Ceci dit, j’étais sur le point de repartir avec ma famille quand j’ai rencontré le directeur général de la filiale d’Ecobank. On a échangé, c’était en 1997. Le projet m’a plu, il consistait de couvrir la zone d’Afrique de l’Ouest mais, chemin faisant, avec les succès que la filiale ait connus, on a essayé d’étendre sur l’Afrique Centrale et de l’Est.

Cependant ce qui galvanise également c’est de ce dire que les Africains ne sont pas capables de faire quelque chose dans ce secteur. Je suis désolé, car voir une banque comme ça dans une industrie financière gérée par les Africains, que par les Africains, je trouve ça extraordinaire, en plus grâce aux capitaux africains.

Beaucoup font la confusion ils pensent qu’on est nés de la CityBank. Il est vrai qu’à la création, Ecobank a fait un partenariat technique avec Citybank. Donc nous avons hérité de toutes les procédures de la Citybank. Progressivement je fais mon chemin et je suis content de la façon dont les choses évoluent avec de l’ordre surtout la rigueur au sein de l’institution.


Durant votre travaille à la tête de cette prestigieuse entreprise dans le secteur bancaire en Afrique quelle est la plus grande réussite pour laquelle voulez-vous qu’on se souvienne de vous ?

Je pense qu’une de notre e grande réussite, c’est de réussir à s’implanter dans 36 pays. Cependant, la plus grande réussite c’est de réussir l’inclusion financière à travers la digitalisation. C’est de faire en sorte qu’on ait 5 millions de personnes bancarisées à travers la banque électronique.


Enfin, les lecteurs de South China Morning Post incluent en majorité d’hommes d’affaires et politiciens les plus influents de la Chine et du monde entier. Avez-vous un message final à leur adresser sur la Guinée qui les inciterait à venir faire des affaires et investir ici ?

Je vais reprendre l’expression du Prof. Alpha Condé « Guinée Is Back » ! Venez investir en Guinée toutes les opportunités sont là et cela dans tous les secteurs : les mines, l’agriculture, le tourisme et autres et nous serons là pour vous !

Monsieur le Directeur Général, étant donné ses ressources énergétiques, minières et agricoles, la Guinée a le potentiel pour devenir encore le plus grand et le plus important acteur dans la région.  Selon vous, quelles sont d’autres opportunités d’investissement pour la Guinée ?

Potentiellement la Guinée est un acteur important dans la sous-région. De par ses ressources humaines et naturelles, comme le secteur de l’agriculture, des mines et du tourisme, qui est un secteur qu’il faut promouvoir. Depuis à peu près six ans maintenant avec l’arrivée du Prof. Alpha Condé au pouvoir, on a commencé à avoir un certain nombre d’assainissement au niveau financier et judiciaire. Cela incarne favorablement aux hommes d’affaires qui veulent venir investir en Guinée dans tous les secteurs que nous venons de citer.


Ces dernières années le secteur de l’investissement direct à l’étranger est très compétitif en Afrique de l’Ouest, avec l’ensemble des pays de la région qui se battent pour sécuriser un maximum d’investissement étranger. Selon vous, quelles sont les avantages comparatifs majeurs de la Guinée par rapport aux autres pays de la région ?

Le plus grand avantage est la diversité des domaines dans lesquels on peut investir en Guinée. Ce champ est encore vaste, il y a beaucoup de choses qui restent encore à faire, comparé aux autres pays de la région, comme la Cote d’Ivoire.

L’agriculture dans les années 60 occupait la première place dans la sous-région, aujourd’hui, elle a un niveau très bas. Au niveau des mines et de l’énergie, il y a de quoi faire également. Cela veut dire que le potentiel naturel de la Guinée est très important et beaucoup plus grand que ceux des autres pays de la sous-région.

L’avantage de la Guinée par rapport aux autres pays de L’UMOA c’est qu’elle possède sa propre monnaie. Cela pourrait constituer un frein aux investisseurs mais cela n’est pas le cas. En Guinée, il peut se poser le problème de convertibilité au niveau des devises. Cependant avec les exportations de nos minerais à l’étranger, la Guinée bénéficie d’un grand nombre de devises lesquelles aujourd’hui font face à l’importation.


Sous la présidence de Son Excellence le Professeur Alpha Condé le pays avait fait de grands progrès au niveau de la transparence et de la démocratisation. Cela favorise les investissements étrangers et stimule la croissance économique. Qu’est-ce que cela signifie pour le secteur bancaire et comment voyez-vous ça comme une opportunité pour attirer plus d’investissements étrangers ?

Dans le secteur bancaire, la stabilité de la monnaie est très importante et cela depuis l’arrivée du Prof. Alpha Condé. C’est en fin de l’année 2015 que nous avions connu une forte variation ou dépréciation de la monnaie nationale qui était un peu volontaire. C’était une évaluation de la monnaie guinéenne par rapport aux dollars.

De plus, le pays doit subir encore plusieurs réformes, par exemple au niveau de la justice, car en tant que la banque on a encore des difficultés à couvrir des créances quand on a à faire aux créanciers.

Sur le plan d’infrastructures, il y a également un grand déficit, il s’agit des infrastructures routières, hôtelières et énergétiques. Au niveau de l’énergie nous avons le barrage Kaléta qui fonctionne aujourd’hui mais qui ne couvre pas tous les besoins. Pourtant, c’est très important pour les petites industries.

Si vous fonctionnez sur le courant électrique, cela est beaucoup moins cher que les groupes électrogènes. Quand vous êtes producteurs, vous n’avez pas de route pour transportez vos produits vers les consommateurs et cela pose un problème. Mais, il faut le dire, des efforts sont faits à ce niveau-là. Il ne s’agit pas forcément de Conakry. Cependant à l’intérieur du pays, il y a des pistes qui permettent aux paysans de pouvoir transporter facilement leurs produits. Tout ceci constitue des éléments qu’il faut privilégier, surtout la réforme de la justice.


Ecobank est présente dans le paysage bancaire africain depuis 1985. C’est la première banque africaine présente dans 36 pays du continent, en Afrique occidentale, orientale, australe et centrale. Vous avez une filiale à Paris et aussi des représentations à Pékin, Johannesburg, Londres et Dubaï. Ici en Guinée, Ecobank est entrée en activité en mai 1999 et compte 20 agences et 222 employés. Comment décririez-vous l’expérience d’Ecobank en Guinée depuis ses débuts ?

Nous pensons que c’est un groupe jeune qui a eu un succès historique. Comparé à des groupes panafricains comme City Bank, c’est un groupe jeune qui a installé sa filiale en Guinée en 1999. Cela fait à peine 18 ans depuis notre arrivée et nous avons révolutionné le secteur bancaire ici. Quand le groupe est arrivé, nous avons procédé à l’expansion des jours d’ouverture jusqu’à ouvrir les samedis. En termes d’innovation de service nous avons aussi beaucoup apporté dans le secteur.

Beaucoup de clients nous disent qu’avant notre arrivée ils étaient obligés d’aller voir les banques parce qu’ils attendaient dans leurs bureaux. Cependant depuis notre arrivée, nous avons établi à nouveau un bon contact avec les clients.

Plusieurs innovations ont été apportées. L’un de nos projets phares est lié à la digitalisation. Pour vous, en occident cela n’est peut-être pas une révolution, ici cela change tout.

En Afrique, notamment dans le cas de la Guinée, le taux de bancarisation est très faible. Nous sommes aujourd’hui autour de 5% à 6% de taux de bancarisation. En conséquence, nous éprouvons de grosses difficultés. Il nous est difficile d’atteindre certaines zones rurales éloignées. Pourtant, il faut aider ces gens par leur inclusion financière qui leur permettra de faire des opérations bancaires.

Avec l’ère de la numérisation, nous venons de lancer un produit ‘Ecobank Mobile’. Cela permet à n’importe qui d’ouvrir un compte sans aucune documentation à travers votre téléphone portable, comme en Europe. Je fais allusion au produit ‘Xpress Account’ d’Ecobank. Vous n’avez pas besoin d’aller en agence et tout se fait à travers votre téléphone mobile. Avec cette application vous pouvez faire votre transfert, votre achat chez les partenaires et vos retraits au Gab sans carte bancaire.

Nous contribuons beaucoup au financement de l’économie guinéenne dans tous ces secteurs. Dans les deux années passées, nous avons contribué au développement des infrastructures. Nous soutenons l’Etat dans ses efforts de développer tous ses différents secteurs d’économie.


Ecobank fait face à une concurrence accrue sur le marché avec des banques de renom comme Afriland, Fibank, la SGBG et la BICIGUI qui monopolisent plus de la moitié des parts de marché. Selon vous, quelles sont les avantages compétitifs majeurs d’Ecobank  et en quoi votre modèle de travail vous démarque-t-il de ces concurrents ? Que faites-vous pour vous assurer qu’elle reste la plus compétitive possible et attire plus d’investisseurs ?

La Guinée compte 15 banques de façon stable. Cependant le marché est dominé par trois banques principales : Ecobank, BICIGUI et Société Générale. Ces banques contrôlent environ 65 à 67% de part du marché.

Ce qui fait notre différence ce sont nos produits, nos hommes et notre approche clientèle. Nous avons classifié nos clients en trois catégories. Nous avons un département dédié aux multinationales, au commerc qui regroupe des PME (Petite et Moyenne entreprise) et un département dédié aux consommateurs

Cette classification est très importante par ce qu’on ne peut pas mélanger tout le monde dans le même panier. On ne peut pas accorder aux différents clients le même temps, car leurs besoins ne sont pas les mêmes. Il y a un département qui s’occupe de chacune des catégories de clients, par exemple des PME qui représentent le cœur de l’économie d’un pays, d’une manière générale constituent un secteur de très haut risque parce que leurs états financiers ne sont pas toujours fiables. Ce que nous avons fait, c’est de mettre en place un programme spécifique sans tenir compte forcement des états financiers. Nous avons des produits adaptés pour cette catégorie de clients.

Tout cela pour dire que chaque entreprise est bien suivie et possède un chargé de communication. Nous adaptons chaque fois nos produits pour pouvoir répondre aux besoins de la clientèle sur le marché. Le fait qu’on appartient au groupe qui couvre l’ensemble des pays africains permet à une entreprise, si elle le souhaite, de se développer dans la région ou dans la sous-région. Nous l’accompagnons dans sa démarche, car nous sommes interconnectés entre toutes les banques du groupe en Afrique.


L'intérêt d’Ecobank-Guinée sur le développement socio-économique de la Guinée est visible. Ecobank par sa fondation Ecobank lutte activement contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme qui est la première cause de mortalité en Afrique. Quels sont vos autres projets pour participer dans le développement socio-économique ? En quoi votre banque joue un rôle clé dans le développement non seulement économique mais social du pays ?

Je veux mentionner notre partenariat avec Orange Money par ce que c’est notre grande fierté. Ce programme a permis la digitalisation de la banque sur le téléphone mobile. C’est vrai que les autres banques ne se sont pas réveillées assez tôt, contrairement aux sociétés de téléphonies qui, elles, ont compris qu’il y avait une niche. Depuis ce moment nous avons commencé le développement de notre propre application.

Mais ceci étant nous en sommes vraiment fiers. Vous savez, nous ne sommes pas là seulement pour gagner de l’argent, nous avons aussi un rôle sociétal à jouer. En guise d’exemple : nous choisissons un jour qu’on appelle Ecobank Day pendant lequel on choisit une action sociale. La dernière fois cela a porté sur le thème de la santé et de l’éducation. Nous avons fait une campagne sur Ebola en 2014. De plus, on a aussi construit des écoles, on a aussi rénové des latrines, offert des tables-bancs et ceci jusqu’à l’intérieur du pays.

Les samedis, nos équipes se rendaient aux marchés pour balayer. Nous estimons que c’est normal de faire profiter les citoyens guinéens avant de penser aux actionnaires. On fait cela avant même la fin de notre exercice, nous dégageons un montant pour financer ces projets.


Maintenant, grâce à de très bonnes relations bilatérales entre la Chine et la Guinée, l'intérêt des investisseurs chinois sur les ressources et le développement de la Guinée est de plus en plus visible. Dans sa visite d'état en Chine l'année dernière, le président Alpha Condé avait dit lui-même: « Nous voulons que la coopération économique avec la Chine soit plus forte que la coopération politique. » Quel genre de résultat vous espérez de cette coopération entre les deux pays ? Qu’est-ce qu’elle peut apporter au secteur bancaire ?

Je pense que cette coopération est une relation qui donne du concret.

Le Professeur Alpha Condé a bien compris que la coopération entre les pays ne peut pas être qu’au niveau de la politique.

Les chinois ont, à plusieurs reprises, prouvé que leurs actions et leur travail c’est du concret. Nous pouvons parler du barrage Kaleta, du barrage Souapiti, etc. Je pense que des actes concrets comme ceux-là sont extrêmement importants. Cette coopération Alpha Condé l’a bien comprise.

En ce qui concerne cet accord qui a été signé il y a quelques semaines entre la Guinée et la Chine, il ne faut pas oublier que c’est un accord cadre. Cela veut dire qu’il faut soumettre des projets jugés valables afin de recevoir les financements. Je pense que ça peut transformer le pays. De plus, je pense que le pays a besoin du soutien des investisseurs. Nous avons besoin de la réalisation des vrais projets avec l’aide des autres pays.

De plus, je trouve que cela peut contribuer à apporter beaucoup de ressources au niveau du secteur bancaire guinéen. Ce sont des devises et des projets qui sont financés et qui vont créer beaucoup d’emplois en Guinée. Ca va également faire travailler les PME, car au niveau de la banque nous aurons à financer et accompagner les entreprises qui auront la charge de réaliser ces projets, donc pour nous, la banque va avoir plus d’investissements.

De nouvelles ressources vont être injectées dans le secteur bancaire. Ça va apporter de la modernisation, ça permet également à notre banque d’évoluer.


Votre nomination à la tête d’Ecobank Guinée est le résultat des années d'expérience dans ce secteur et spécialement dans cette institution où vous comptez 18 ans de travail. Quelles sont vos principales fiertés qui vous ont permis de réussir en tant que leader aujourd’hui ?

D’abord c’est la croyance que j’avais depuis le début dans ce projet bancaire. Je travaillais dans une banque en France avant de prendre la décision de rentrer au pays. Je dois avouer que c’était une raison personnelle.

Ceci dit, j’étais sur le point de repartir avec ma famille quand j’ai rencontré le directeur général de la filiale d’Ecobank. On a échangé, c’était en 1997. Le projet m’a plu, il consistait de couvrir la zone d’Afrique de l’Ouest mais, chemin faisant, avec les succès que la filiale ait connus, on a essayé d’étendre sur l’Afrique Centrale et de l’Est.

Cependant ce qui galvanise également c’est de ce dire que les Africains ne sont pas capables de faire quelque chose dans ce secteur. Je suis désolé, car voir une banque comme ça dans une industrie financière gérée par les Africains, que par les Africains, je trouve ça extraordinaire, en plus grâce aux capitaux africains.

Beaucoup font la confusion ils pensent qu’on est nés de la CityBank. Il est vrai qu’à la création, Ecobank a fait un partenariat technique avec Citybank. Donc nous avons hérité de toutes les procédures de la Citybank. Progressivement je fais mon chemin et je suis content de la façon dont les choses évoluent avec de l’ordre surtout la rigueur au sein de l’institution.


Durant votre travaille à la tête de cette prestigieuse entreprise dans le secteur bancaire en Afrique quelle est la plus grande réussite pour laquelle voulez-vous qu’on se souvienne de vous ?

Je pense qu’une de notre e grande réussite, c’est de réussir à s’implanter dans 36 pays. Cependant, la plus grande réussite c’est de réussir l’inclusion financière à travers la digitalisation. C’est de faire en sorte qu’on ait 5 millions de personnes bancarisées à travers la banque électronique.


Enfin, les lecteurs de South China Morning Post incluent en majorité d’hommes d’affaires et politiciens les plus influents de la Chine et du monde entier. Avez-vous un message final à leur adresser sur la Guinée qui les inciterait à venir faire des affaires et investir ici ?

Je vais reprendre l’expression du Prof. Alpha Condé « Guinée Is Back » ! Venez investir en Guinée toutes les opportunités sont là et cela dans tous les secteurs : les mines, l’agriculture, le tourisme et autres et nous serons là pour vous !