ALGERIA
la Nouvelle Generation


V.I.P. INTERVIEWS
INTERVIEW DE

M. NOUIOUA
PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL ENOR

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre entreprise, son histoire, son développement et sa mission actuelle ?

ENOR a été créée en 1992 en vue de développer la région de Tirek-Amesmessa, localisée dans le Hoggar Algérien. Le but était alors de réaliser des études de faisabilité et l'exploitation des gisements d'or identifiés par des travaux géologiques durant les vingt années précédentes.
L'axe principal pour le développement de cette région était le partenariat international. ENOR s'est donc mis à la recherche d'un partenaire dès 1992.
En 1993 nous avons finalisé une première étude de faisabilité pour Amesmessa, avec la firme canadienne SIDAM, mais en raison de la situation sécuritaire qui prévalait alors, le projet de partenariat a plus ou moins été gelé.

Ce n'est que vers la fin de 1996 que la situation a commencé à s'améliorer et nous avons ouvert notre capital à des partenaires algériens: Sonatrach, la banque d'Algérie et la SAA. En 1997 le capital d'ENOR avoisinait les 16 millions de dollars.

Fin 1997, ENOR a connu un premier démarrage: les 16 millions de dollars représentaient près de 30% du financement du projet Tirek-Amesmessa. Cela devait permettre à l'entreprise de lever des financements sur le marché international et d'inciter des partenaires à investir.

A travers une campagne de promotion du partenariat, nous avons touché prés d'une centaine de compagnies minières activant dans le secteur de l'or. Un bon nombre de ces compagnies a manifesté un intérêt pour nos projets. C'est alors que nous nous sommes rendu compte que la loi minière d'alors constituait un frein dans la mesure où elle était restrictive et limitait la participation du partenaire à 49%, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. En effet il n'y a plus de discrimination entre publique et privé, national et étrangers. L'investisseur étranger peut avoir un droit de 100% sur un titre minier.

Dés la fin de 1997, l'Entreprise a adopté une nouvelle stratégie basée sur l'utilisation de nos propres moyens et devrait en une première étape permettre à l'Entreprise d'avoir des revenus, développer un savoir faire, former nos employés et surtout démontrer la faisabilité de l'extraction minière dans le Hoggar. En 2001, l'ouverture de la mine de Tirek a eu lieu et a ouvert la voie de l'industrie minière aurifère en Algérie.

Parallèlement, nous avons continué à promouvoir le partenariat en attendant la promulgation de la nouvelle loi minière. Les choses se sont bien passées dans la mesure où le démarrage de la production d'or à Tirek au courant du mois de juillet 2001 a coïncidé avec la promulgation de la nouvelle loi minière.

Un appel d'offre national et international au partenariat est actuellement en cours. Des compagnies d'Afrique du Sud, d'Australie, du Liban et d'Algérie sont dans la course.

Pouvez - vous partager avec nous les chiffres clés de l'entreprise ?

L'entreprise a un capital de 888 millions de dinars. Nous traitons 200 tonnes de minerai par jour, l'usine a une teneur moyenne d'alimentation de 12 grammes par tonne. Certaines mines traitent 2 grammes à la tonne mais elles jouent sur les économies d'échelle en exploitant des tonnages beaucoup plus importants.
Nous avons un deuxième projet à Amesmessa avec des réserves de près de 1,6 million d'once d'or. Nous avons obtenu un accord de subvention de 450 000 dollars par l'US TDA des Etats-Unis. L'étude est en cours de réalisation par une firme Américaine. Nous pensons lancer le projet Amesmessa le plus tôt possible, soit dans le cadre de partenariat ou en faisant appel aux actionnaires actuels.

D'autres réserves et ressources de près de 1300 millions d'once existent entre Tirek et Amesmessa.

Nous détenons un permis de 1400 km2, où se trouvent plus de 11 indices d'or qui représentent un réel potentiel.

Pouvez vous partager avec nous le nombre de vos employés et chiffre d'affaire ?

Actuellement nous employons près 200 personnes. 90% travaillent entre Tamanrasset et la mine de Tirek. Vu l'isolement, les employés y restent 6 semaines et repartent chez eux pour 15 jours de repos. Nous avons un chiffre d'affaire d'environ 650 millions de dinars, chiffre provisionnel car c'est la première année. Nous avons commencé nos activités l'année passée lors du deuxième semestre et nous étions au stade des essais et des tests.
Avez-vous aussi d'autres projets de développement ?

Oui, nous avons des projets d'exploration pour délimiter d'autres gisements. Si nous découvrons des indices intéressants, nous passons à un stade d'exploration plus poussée. Si la faisabilité est confirmée, nous passons à la bancabilité du projet. Les teneurs des indices déjà découverts sont prometteuses.

Pouvez-vous nous parler des procédures des partenariats et nous expliquer les étapes ?

Nous faisons partie du secteur de l'énergie et des mines, mais le secteur des mines est resté un peu à la traîne en matière de partenariat car l'Algérie est beaucoup plus connue comme un pays d'hydrocarbures. Les compagnies minières internationales ne se doutent pas qu'il existe un secteur minier prometteur en Algérie. C'est toute la problématique du partenariat. Le secteur minier a aussi besoin d'un nouveau dynamisme.

Récemment, de nombreux appels d'offre ont été lancés par le Ministère de l'énergie et des mines et un bon nombre de titres miniers ont été octroyés au secteur privé.

En ce qui concerne l'ENOR, l'appel d'offres se réalise en deux phases. La première c'est ce que nous appelons phase technique, elle permet d'arrêter, en collaboration avec les soumissionnaires, un plan de développement de base pour toute la région. La deuxième phase est relative à la réception des offres financières et la sélection du partenaire lors d'une séance public ouverte.

Nous voudrions connaître votre parcours professionnel et votre plus grande satisfaction personnelle depuis votre nomination en tant que président de l'ENOR.

ENOR a été un challenge permanent depuis le début parce qu'il fallait mettre en place une stratégie qui soit réaliste et qui permette d'avancer et de concrétiser le projet.

Ça a été un travail de 4 ans sans relâche, ce qui a permis de faire du Hoggar une région minière. Nous avons travaillé dans les pires conditions: pendant six mois de l'année la température est supérieure à 45° C, les vents de sable fréquents, la ville la plus proche est à 400 km, un isolement total. Tout ça a demandé beaucoup d'acharnement. Nous avons réalisé le projet en 28 mois, ce qui est relativement court dans une région aussi difficile qu'isolée.

Nous avons eu le premier financement sud africain pour l'Algérie sans faire appel à la garantie de l'Etat. La banque sud africaine nous a financé à 85% pour l'usine et le laboratoire de Tirek.

La plus grande satisfaction ça été pour nous le moment de la coulée du premier lingot d'or.

Et en ce qui concerne votre parcours professionnel….. ?

Je suis ingénieur en génie minier, gradué de l'université Laval du Québec en 1985. J'ai travaillé par la suite en tant que chercheur à l'université Laval sur les méthodes de conception assistée par ordinateur pour la modélisation des gisements d'or au Canada. Je suis rentré en Algérie et j'ai continué à travailler dans la recherche et le développement au niveau du Haut Commissariat à la Recherche. En 1993-1994, j'ai rejoint l'ENOR, où j'ai alors passé en revu les réserves en or et tous les models de l'ENOR. Entre 1994 et 1997, j'étais responsable des études et engineering au niveau du CREM, Centre de Recherche et d'Exploitation des Matériaux. Dés 1996 je suis intervenu à l'ENOR en tant que membre du Conseil d'administration jusqu'en 1998 où j'ai été nommé Président du Conseil.

Pour conclure cette interview, quel serait votre message final aux investisseurs intéressés par l'Algérie ?

Actuellement, je pense que l'Algérie représente une réelle opportunité dans la mesure où elle reste assez vierge. Elle s'ouvre réellement et évolue dans le cadre de la mondialisation, je peux dire aux investisseurs " ceux qui viennent en premier sont les premiers servis ". Prenant l'exemple de DAEWOO qui a investi en Algérie en temps de crise, qui a une place importante sur le marché de l'automobile et qui se lance maintenant dans les infrastructures et autres C'est aussi le cas pour d'autres compagnies qui sont en pleine évolution.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv