ALGERIA
la Nouvelle Generation


V.I.P. INTERVIEWS
Interview avec

Monsieur Ali Djendi
Président Directeur Général Caisse Algérienne d'Assurance et de Réassurance CAAR

Pourriez-vous nous donner un aperçu historique de la CAAR?

La CAAR existe depuis 1963. C'est la première compagnie algérienne d'assurance qui a été créée sous la forme d'une Caisse d'assurance et qui s'occupait du contrôle du marché par le biais de ce qu'on appelle la session légale.

Lors de l'institution du monopole du secteur des assurances en 1966, la CAAR a eu la possibilité de faire de l'assurance directe et de la réassurance sous forme de cession légale. Elle a agit dans ce marché parallèlement à une autre société, la SAA, jusqu'à ce jour.

La CAAR est passée en 1973, par la fonctionnarisation des agents ; c'est-à-dire que des agents généraux sont devenus des agents fonctionnaires dans le cadre du monopole. En 1976, il y a eu la création de la Caisse centrale de réassurance à partir du portefeuille de la SAA et de celui de la CAAR. En 1986, il y a eu la création, à partir du portefeuille de la CAAR, de la société CAAT qui s'occupe de l'assurance transport dans le cadre de la spécialisation des compagnies d'assurances.

Il y a donc la SAA, qui s'occupe des risques simples et des risques particuliers, la CAAR, qui s'occupe de l'ensemble des risques industriels et des gros risques, la CAAT, chargé des assurances transports et la CCR, qui s'occupe uniquement de la réassurance des risques algériens assurés par les compagnies d'assurance directes et placées par la CCR sur les marchés extérieurs.

La spécialisation de votre portefeuille est orientée vers les risques externes et engineering, vous occuper actuellement la seconde place en termes de chiffre d'affaires et la première place en terme de bénéfice net pourriez-vous nous décrire un peu la philosophie que vous avez suivie pour atteindre ce but ?

Notre objectif était de relancer la CAAR au processus d'adaptation à ce nouvel environnement, c'est-à-dire l'ouverture du marché d'assurance à tout un ensemble d'acteurs. Nous nous sommes donc préparés à cela et nous avons fait en sorte qu'il s'agisse pour nous, non pas de développer seulement le chiffre d'affaires, mais de faire en sorte qu'il y ait des équilibres financiers au sein des comptes de la CAAR. Notre stratégie n'était pas uniquement de faire du chiffres d'affaires mais de faire tout d'abord des profits.

Avec une politique un peu particulière quant à la prise en charge des risques industriels, nous avons pu stabiliser le niveau du chiffre d'affaires et maintenir en hausse le résultat et les profits, disons que cela a été fait d'une manière volontariste ; alors que nous avons fait un chiffre d'affaires bien inférieur à d'autre compagnies du secteur nous réalisons un résultat supérieur.

En ce qui concerne les nouveaux services et produits que vous proposez à vos clients, y a-t-il des nouveautés que vous venez de lancer ?

Pour le futur, nous n'avons pas encore décidé de la mise en circulation d'un certain nombre de produits nouveaux, pour la simple raison que nous sommes en négociations avec des partenaires qui maîtrisent des produits réellement nouveaux que nous voudrions mettre sur le marché en Algérie.

Dans le cadre de cette ouverture de marché, le seul produit nouveau, pour le moment, c'est l'assurance scolaire. Il y a tout de même un impact social sur le pouvoir d'achat des algériens. C'est un produit qui a été lancé il y a deux ans et, petit à petit, il trouve ses marques. Il y a des opérations de marketing et de publicité aussi bien audiovisuelle que par le biais de la presse écrite.

Etes-vous les seuls à offrir l'assurance scolaire ?

Oui. Nous avons été les initiateurs et les créateurs de ce produit, quoiqu'il y ait une autre compagnie qui ait essayé de vendre ce produit, mais nous sommes concurrentiels.

En ce qui concerne le marché des Assurances et ses divers acteurs. Vous êtes sur le marché depuis 1963 et vous avez une longue expérience, quels sont vos principaux avantages concurrentiels?

Les avantages sont nombreux. Le premier c'est notre réseau. Nous avons un réseau qui est très développé par rapport à d'autres, c'est un réseau de 80 agences directes au niveau du territoire national et pour ce qui est des agences privées elles sont 40, ce qui fait en terme commercial 120 à 125 agences qui vendent les produits CAAR, cela c'est notre premier avantage. Le deuxième avantage, c'est que nous avons, depuis un certain nombre d'années acquis une assise financière confortable. Nous disposons d'un capital de 2 milliards 700 millions de dinars, des fonds propres qui atteignent les 4 milliards de dinars et des bas de tableau qui sont de l'ordre de 11 milliards! En termes de ressources humaines aussi il faut souligner que nous disposons d'un personnel de qualité qui a fait le bonheur des autres compagnies privées ; un certain nombre de cadres et directeurs sont partis d'ici pour rejoindre la concurrence, pour des raisons financières bien sûr.

Quel est le nombre de votre personnel ?

Notre personnel se compose de 1.500 personnes au niveau du réseau direct, sans compter le réseau indirect.

Au niveau du management des ressources humaine, avez vous développez des programmes de formation ?

Oui, il y a des programmes de formation. Justement, lorsque nous avons constaté cette fuite du personnel qualifié de l'entreprise, nous avons mis en place non seulement pour la CAAR mais aussi au niveau du marché, toute une série de formations. Nous avons créé, dans ce cadre, une filière assurance qui n'existait pas auparavant et qui est chargée former du personnel qualifiés à travers la réalisation de formations diplomantes tel que: CAP, BTS, etc…, principalement des formations pour l'assurance.

Pourriez-vous nous parler des nouveaux projets que vous êtes en train de mettre en place pour la modernisation de la CAAR, tel que l'informatique par exemple?

Oui. La modernisation du système informatique est une première. Nous avons finalisé tout notre système informatique en termes de logiciel. C'est un logiciel propre que nous avons acheté, habillé et validé. A l'heure actuelle je peux dire que notre logiciel est totalement opérationnel et que c'est une première en Algérie au niveau du secteur financier car actuellement, nous sommes les seuls à pouvoir donner, en temps réel, les polices d'assurance sur place par ordinateur.

Ce qui nous reste à finaliser c'est la deuxième phase qui représente l'interconnexion au réseau extérieur. Il y a un réseau interne qui a un serveur principal, et nous avons un centre national qui reçoit les informations des structures externes qui n'est pas encore opérationnel. L'outil informatique est indispensable dans la gestion de la CAAR: aussi bien pour la gestion produit, gestion administrative et gestion comptable.
Considérant l'ouverture et le marché qui devient de plus en plus dynamique, comment voyez-vous la contribution de la CAAR au développement du secteur des assurances ?

Il ne s'agit pas de la contribution de la CAAR au développement, il s'agit simplement de participer à la couverture de l'ensemble des investissements qui puissent être faits en Algérie. Il y a des institutions financières telle que la CAAR, qui reçoivent des primes, et qui participent au développement par le biais de l'épargne. Ce ne sont pas des investissements lourds, mais on le fait parce que nous sommes actionnaires dans le Sheraton et dans des sociétés nouvelles d'assurances. Nous avons participé à la création de deux sociétés d'assurances qui sont la Trust et la Cash dans lesquelles nous sommes actionnaires. Nous participons donc au développement du marché. Nous sommes actionnaires dans d'autres sociétés comme la Société africaine d'assurance et de réassurance. Disons que nous participons plus ou moins dans le développement de l'économie algérienne. Cependant l'essentiel de l'activité d'une compagnie d'assurance, c'est de couvrir les risques et faire en sorte que le patrimoine national ou privé qui vient s'installer soit couvert et garanti dans les meilleures conditions et aux meilleurs prix.

Avez-vous des partenariats avec des entreprises ou des sociétés étrangères ou envisagez-vous des négociations dans ce sens ?

Oui. Nous sommes en train de négocier et préparer tout un dossier pour la création d'une société spécifique tournée vers les assurances de personnes, c'est-à-dire les assurance-vie, assurance-épargne, assurance-santé maladie.

Quand sera-t-il mis en place ?

Je ne peux pas vous le dire nous sommes en train de travailler sur le dossier. Compte tenu d'un certain nombre d'événements et de la conjoncture actuelle qui fait que les partenaires sont confiants dans les potentialités algériennes mais, ils ont un peu peur.

Avec tous ces événements, l'ouverture du marché, vous en tant que société d'assurance qui se lance vers de nouveaux partenariats à l'étranger, vers de nouveaux services, quelles sont vos perspectives pour le futur et où est-ce que vous voyez le secteur des assurances et la CAAR d'ici à trois ans?

Je ne peux pas vous le dire. Dans la phase actuelle de l'Algérie il y a des décisions à caractère politique que je ne maîtrise pas, je ne sais pas s'il va y avoir des privatisations, si le secteur des assurances va rester tel qu'il est. Il y a souvent des bouleversements, je ne peux pas répondre à cette question.

Mais en termes de développement, je peux dire que l'assurance est liée au développement de l'économie, s'il y a une croissance dans l'économie, il y a une croissance dans l'assurance, c'est systématique.

En ce qui concerne vos objectifs à court terme, pour l'année prochaine, pouvez vous nous en dire plus?

La CAAR participe à hauteur de 28% du marché de l'assurance. Les évolutions année/année varient entre 7% et 10%.

Pour l'année 2002, nous pensons dépasser ce taux d'évolution, compte tenu de phénomènes exogènes, tels que les événements du 11 septembre, qui ont fait que tous nos partenaires réassureurs aient augmenté leurs primes.

Par ailleurs, les compagnies d'assurances ne peuvent évoluer que dans un environnement économique croissant. S'il y a une croissance en Algérie, les sociétés d'assurances participent à cette croissance.

Notre reportage sera publié dans le premier magazine économique en Asie, nos lecteurs sont à 80 % des dirigeants d'entreprises ou des investisseurs potentiels et des businessmen qui sont intéressés par ce qui se passe en Algérie et sur l'économie algérienne ainsi qu'aux profils d'autres leaders, donc pouvez-vous nous raconter quel a été votre parcours et quelle a été votre satisfaction la plus importante ?

Mon parcours est simple. J'ai commencé dans les assurances depuis 1965 jusqu'à ce jour. Ma meilleure satisfaction a été de faire de la CAAR ce qu'elle est actuellement, c'est-à-dire une boîte moderne, une société qui fait des profits, une image de marque considérée aussi bien au niveau national qu'au niveau continental et international puisqu'on a quelques rapports avec des marchés extérieurs tels que le marché de Londres, allemand, suisse, etc. Je soulignerais également le sérieux et la qualification de ses cadres, voilà ma satisfaction.

Un message final que vous voudriez transmettre aux investisseurs potentiels intéressés qui voudraient investir en Algérie dans le marché financier et particulièrement dans celui des assurances ?

Disons que pour les investisseurs ils savent mieux que moi ce qu'est l'Algérie et ce qu'elle vaut sur le plan de ses potentialités économiques et humaines parce qu'ils ne viendront investir que lorsqu'ils sauront tout sur l'Algérie, tout sur le secteur sur lequel ils veulent investir, tout sur les conditions juridiques.

Les investisseurs ne sont jamais des aventuriers. Ce sont des gens qui savent calculer mieux que quiconque, lorsqu'ils placent 1 dollar, ils en veulent 2.

Donc, je dirais à ces investisseurs, qu'en Algérie il y a beaucoup de potentialités, beaucoup de ressources, c'est un pays qui est ouvert, mais l'essentiel c'est qu'ils viennent non pas avec l'idée de faire fortune mais de participer au développement de l'Algérie, qu'ils prennent ce qu'ils doivent prendre, ce qui est normal, mais qu'ils participent aussi au développement du pays.

Pour les investisseurs qui sont intéressés par le secteur des assurances, je pense que là aussi le marché est vierge. Je peux vous donner un chiffre par exemple, on peut évaluer le marché de l'assurance à 1 milliard de dollars en termes de potentialités et que nous en sommes actuellement à 19 milliards de dinars. Voyez la différence à l'état actuel des choses. Maintenant s'il y a des investisseurs qui rentrent, le marché sera beaucoup plus porteur.

Si vous devriez donner quelques conseils à des investisseurs qui cherchent des partenariats en Algérie que leur diriez-vous ?

Qu'ils viennent voir la CAAR ! La meilleure adresse, c'est celle-là.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv