ALGERIA
la Nouvelle Generation


V.I.P. INTERVIEWS
MONSIEUR CHAMI

Interview avec

MONSIEUR CHAMI
Directeur Général de la CACI
Pourriez-vous nous présenter la Chambre de Commerce et son historique ?

Le système des Chambres de Commerce en Algérie est relativement récent par rapport à sa réactivation.

Elles ont toujours existé en Algérie. Le siège où vous vous trouvez, a été réalisé en 1882, ce qui dénote de toute l’histoire qu’a connue la Chambre de commerce.

Entre 1970 et 1980, compte tenu des orientations et des options politiques économiques de cette période, les Chambres avaient été mises en veilleuse mais elles avaient été très vite réactivées. L’option avait changé, donc on s’est orienté résolument vers le développement d’un secteur privé et à la mise en place d’une économie de marché. C’est comme cela qu’on a mis en place de nouvelles institutions qui s’apparentent à ce qu’on retrouve dans la région.

Dans le monde, il y a deux types de Chambres de commerce.

Le type continental ; retrouvé plus ou moins dans les pays avec lesquels nous sommes en relations comme la France, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, l’Autriche, le Maroc, la Tunisie, donc pour des raisons également historiques. C’est un peu le système français des Chambres de commerce qui a déteint sur tous ces pays. Il y a également le système anglo-saxon. La différence, c’est que les unes sont régies par le Droit privé, les autres, sont des Chambres de commerce de Droit public.

C’est toute la différence ; jamais elles poursuivent les mêmes objectifs et elles ont pratiquement les mêmes missions. Ce sont des missions de promotion des activités économiques, de promotion de l’emploi au sens large parce qu’on parle de gestion de l’information économique et de missions d’affaires. De l’organisation des foires et expositions, de gestion de zones économiques ou l’infrastructure portuaire, aéroportuaire et tout ce qui peut fouetter l’économie.

Il y a également des missions de formation, mais orientées vers l’entreprise, des formations de chefs d’entreprises ou parfois, de formation que le système éducatif national ne prend pas en charge.

Il y a une troisième mission de représentation, c’est-à-dire les Chambres représentent les intérêts de l’économie auprès des pouvoirs publics et constituent un espace intermédiaire entre pouvoirs publics et monde économique et c’est là où s’instaure toute une concertation, tout un dialogue entre le monde des affaires et les pouvoirs publics.

Très souvent, c’est à partir de là que des propositions en matière de modifications de textes et statuts réglementaires sont faits au gouvernement et tout un débat est organisé au sein de ces espaces qui sont les Chambres de commerce. A notre niveau, nous ne faisons pas de différence entre entreprises publiques et privées. C’est l’entreprise économique qui nous intéresse. Nous ne faisons pas de revendications au sens syndical, c’est ce qui nous différencie de l’organisation patronale qui a un caractère syndical.

Combien de membres y a-t-il à la Chambre de commerce ?

Jusqu’à une période relativement récente, elle était plus ou moins ouverte à l’adhésion des hommes d’affaires, nous avions une spécificité. Il y a deux ans, 34.000 adhérents représentaient les 21 Chambres qui couvrent tout le territoire national. L’Union des Chambres, représente la pyramide au niveau national.

Une modification a été apportée au statut de la Chambre qui fonctionne comme une Chambre française, c’est-à-dire que nous n’avons plus d’adhérents mais des ressortissants, ce qui revient à dire que toute entreprise qui se crée ou membre qui détient un registre de commerce est automatiquement membre de la Chambre où il exerce son activité. Les adhérents ne concernent que les organisations patronales. >

Ne sont pas membres de la Chambre les professions libérales. Pour les agriculteurs et les métiers, il y a une Chambre d’agriculture et une autre d’artisanat et métiers. Ils ne peuvent pas activer au sein de la Chambre ; ils n’ont pas la qualité de commerçants, ils ne détiennent pas de registre.

Une Chambre peut regrouper deux à trois wilayas par rapport au découpage administratif qui est plutôt économique.

Au niveau national, l’Union de Chambre ou Chambre algérienne de commerce et d’industrie est dirigée par un conseil où siègent les 21 présidents des Chambres de commerce, qui se rencontrent à une assemblée générale annuelle, composée des bureaux de l’ensemble des Chambres et de 380 membres.

Qu’est-ce qui concrétise la mission de promotion, de formation et de représentation dont vous avez parlé ?

Dans le cadre de l’animation économique, nous organisons des séminaires, des journées d’études, des colloques et de forums. Un forum sur l’investissement en Algérie a été organisé et présidé par le président de la République, orienté essentiellement sur les pays arabes qui avaient émis le vœu d’être informés sur les transformations économiques qu’a connues le pays. L’ensemble des institutions financières, institutions de garanties de l’investissement au niveau arabe, y ont participé. Elles accompagnent l’investisseur et le mettent en confiance.

A l’occasion de la promulgation des textes législatifs ou réglementaires, nous organisons des journées d’informations. Aussi, organisons-nous des journées d’études lorsque nous sommes saisis par les opérateurs sur les problèmes qu’ils rencontrent. Interpellés par nos ressortissants, nous organisons des journées d’études pour faire des recommandations aux pouvoirs publics.

Nous participons à des foires à l’étranger, et nous organisons la participation algérienne. Membres d’un comité, piloté par le ministère du Commerce, qui organise notre participation algérienne aux foires officielles. Il y a les autres foires, pour lesquelles le ministère n’accorde pas un intérêt particulier, mais qui sont pour nous relativement importantes, une participation de nos hommes d’affaires est organisée.

Des missions de prospection ou exploratoires sont organisées pour prospecter à l’étranger des hommes d’affaires qui recherchent des débouchés à leurs produits.

Nous conduisons des délégations étrangères qui recherchent soit des débouchés, soit des partenaires pour d’éventuels investissements.

Nous sommes membres d’un certain nombre de forums internationaux, de l’Union arabe des CACI, de l’Association des Chambres de commerce du Bassin méditerranéen et de l’Union maghrébine.

Nous avons établi avec des pays comme la Libye et autres des Chambres mixtes pour promouvoir des affaires avec presque tous les pays de la région qui activent et qui sont assez développés en termes d’activités et d’échanges.

Nous prenons également part dans des opérations, parfois très spécifiques, dirigées sur un certain nombre de pays ou de secteurs, comme le Niger, le Mali, etc. Une exposition-vente doit se dérouler à Nouakchott qui fait partie des pays avec lesquels nous cherchons à développer des relations plus ou moins intenses, des liens économiques très forts.
Il y a certains marchés captifs qui nous intéressent aussi. Exemple: l’Irak, un pays avec lequel nous avons organisé, soit pour des besoins de solidarité, soit pour des besoins économiques, des missions importantes d’hommes d’affaires où nous avons participé à des manifestations économiques.

Il est clair que la Chambre de commerce a un rôle important pour promouvoir les entreprises algériennes à l’étranger, mais aussi essayer d’attirer des entreprises étrangères en Algérie. Quelle est la politique de communication de la Chambre de commerce ?

Elle est plus ou moins classique. Il y a plusieurs types de communications: périodiques, une revue bimensuelle reprenant l’ensemble des opportunités d’affaires ou la Bourse des affaires, aussi bien pour les opportunités offertes par les étrangers que celles des nationaux. Une revue mensuelle traitant de l’ensemble des activités des Chambres de commerce, mais également pour les informations utiles pouvant intéresser les chefs d’entreprises sur les réglementations, les procédures douanières ou autres. Une revue trimestrielle spécialisée dans l’analyse, les études et les synthèses, qui traite des dossiers et secteurs bien déterminés. Il y a les publications non périodiques: les recueils de textes législatifs et réglementaires, sur l’investissement, les aspects liés à la qualité des produits réglementés pour certains, des annuaires professionnels, disponibles sur support papier et magnétiques CDROM, le site web, fichier contenant les entreprises de la CACI et les produits fabriqués et proposés à l’exportation accessible à partir d’Internet.

Il y a trois ans, l’ouverture du marché a été effectuée, pouvez-vous nous expliquer l’impact qu’ont les réformes libérales sur les marchés algériens ?

L’ouverture du marché a quelquefois des aspects positifs ou négatifs.

Pour les aspects positifs, les importations ont été rationalisées d’où la limitation du gaspillage, les prix à l’importation réduits. Ce qui a été constaté à travers les grands produits comme le café, le sucre, la semoule, etc.

Il y avait un seul intervenant sur le marché et à des moments précis qui ne profitait pas des situations au niveau boursier et qui ne savait pas acheter. Aujourd’hui, une multitude d’opérateurs et une forte concurrence ont tiré les prix vers le bas et amélioré la qualité du produit, du service. Ce qui est ressenti.

En ce qui concerne la pénurie, pendant longtemps tout était monopolisé par des entreprises publiques. Elles avaient une gestion extrêmement lourde et n’avaient pas cette facilité d’adaptation au marché et à la demande, à telle enseigne qu’il y avait des files d’attente et des pénuries sur un certain nombre de produits. Ce phénomène a complètement disparu avec l’ouverture du marché, quoiqu’il y ait des prix un peu plus élevés, mais il y a une très large disponibilité du produit qui est un élément positif.

Deuxième élément positif, à travers cette ouverture, nous avons pu mesurer la compétitivité de nos entreprises, ce qui a permis de faire émerger les entreprises à potentiel compétitif.

Nous avons pu mettre en confiance des étrangers puisque le capital a besoin d’ouverture. Il y a beaucoup de visiteurs par rapport aux années précédentes qui s’intéressent au marché et qui veulent investir.

L’aspect négatif de la question: beaucoup d’unités de production ont subi une concurrence très forte et ont fini soit par fermer, soit par s’orienter ailleurs ou réduire leur production. Lorsqu’on parle de fermeture, il y a l’augmentation du réservoir des chômeurs et là, c’est un problème social qui se pose ; mais avec la relance, nous pensons le reprendre.

Dans l’ouverture économique, il y a des problèmes très sérieux au plan de financement, des frontières, que l’on n’arrive pas à gérer, mais pour cela les choses avancent correctement.

Quelle est votre satisfaction la plus importante après votre parcours professionnel à la CACI ?

La politique économique s’oriente vers les idées que nous avons toujours défendues: libéralisme économique, le laisser-faire, le laisser-passer et l’ouverture sont pour moi une grande satisfaction.

Avec le temps, les idées défendues ne sont pas fausses ; c’est un élément important.

Une Chambre de commerce est le symbole du libéralisme, d’où le principe du laisser-faire, du laisser-passer.

Mon itinéraire a toujours été plat, dans le sens où j’ai toujours été dans la Chambre de commerce donc, je n’ai pas fait autre chose que l’activité de la CACI depuis 20 ans que je suis là.

Un message final pour les investisseurs qui veulent venir en Algérie ?

L’investisseur a besoin de deux ou trois éléments pour prendre sa décision. C’est la rentabilité de l’argent qu’il placera ici.

Je crois que l’Algérie est un des rares pays à offrir plus d’avantages sur ce plan. Un dollar investi en Algérie rapporte deux fois plus qu’un dollar investi ailleurs, compte tenu des besoins, de la taille du marché, de la solvabilité des consommateurs.

Sur le plan garantie, c’est un pays, qui a toujours honoré ses engagements. Il a adhéré à toutes les conventions internationales. Il est plus ou moins sûr de pouvoir rapatrier son capital, ses bénéfices et donc de pouvoir être libre de disposer de son argent comme il l’entend, élément rassurant.

Le problème lié à la sécurité. Les choses se sont beaucoup améliorées. Si vous êtes là, vous avez dû constater que la situation sécuritaire n’est pas celle que l’on décrit.

C’est un pays qui a mal communiqué. Il n’y a peut-être pas eu suffisamment d’argent dans la communication afin de promouvoir l’image de marque à l’étranger ou pas de professionnels qui n’ont pas su utiliser les lobbies ou les points nécessaires pour promouvoir cette image.

Ce n’est pas un pays relativement fermé, il faut un savoir-faire. La liberté de la presse est quelque chose de relativement récent, de plus, dans le monde, la presse recherche le sensationnel. Il suffit qu’il y ait un événement pour pouvoir détruire tout ce que vous avez construit. Il faut avoir une présence permanente sur les réseaux de communications internationaux pour pouvoir maintenir cette image et la promouvoir.

Ce que vous faites est un élément extrêmement important en matière de communication. Sur ce plan, un pas très important a été franchi.

La seule chose que je peux dire aux investisseurs: « rendez-nous visite une fois et décidez après ».

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv