ALGERIA
la Nouvelle Generation














Monsieur Ait Si Ali Mouloud



Interview avec

MONSIEUR AIT SI ALI MOULOUD
Directeur General de l'ENNA
Dans un premier temps, cela ne fait aucun doute que le secteur aérien, depuis les années 98-99, a subit un développement très considérable. Pouvez-vous illustrer ce développement en nous présentant quelques chiffres du trafic aérien ? Quel a été brièvement l'évolution de ce développement en Algérie pour ces trois dernières années ?

Tout d'abord, avant de passer aux chiffres, il est bon de connaître l'ENNA; je crois que vous n'avez pas eu l'occasion dans votre premier reportage de le connaître.

L'ENNA, comme son nom l'indique, est l'Etablissement National de la Navigation Aérienne. Il a à sa charge tout ce qui touche au trafic aérien au niveau du territoire national et au niveau des espaces qui lui sont délégués. Comme vous le savez, les espaces délégués vont au-delà des limites territoriales et des limites maritimes dans certains cas. Donc, à l'inverse des espaces maritimes, il n y a pas de coupures, pas de ruptures dans le trafic aérien, les espaces sont découpés et les responsabilités sont assignées aux uns et aux autres, dont la délimitation est bien fixe. A partir de là, nous prenons en charge tout aussi bien le trafic aérien qui est en survol des territoires, donc sans atterrir, que le trafic qui fréquente les aéroports algériens.

Les aéroports algériens sont au nombre de 33- 34. Comme je l'ai dit, nous prenons en charge le trafic au départ de ces plates formes et en même temps le trafic qui est en survol sans atterrir. Principalement, nous prenons en charge le trafic qui suit l'axe Nord - Sud entre l'Europe et l'Afrique, compte tenu de la position un peu privilégiée de l'Algérie entre le continent européen et le continent africain. Donc le trafic est assez important. De plus, compte tenue de l'étendue du territoire dans l'axe Est - Ouest, il y a aussi un flux de trafic transversal.

Voilà donc la physionomie de l'Algérie. Les missions de l'ENNA s'exercent au niveau des aéroports, principalement de tout ce qui touche l'activité des tours de contrôle et des activités techniques au sein des plates forme aéroportuaires, puisqu'elle est responsable des équipements de radio navigation, de télécommunication et de tout ce qui est balisage de pistes. La présence de l'ENNA est complémentaire à la présence de l'EGSA, car celle-ci a une activité purement commerciale au niveau de l'activité aéroportuaire, principalement des passagers.

Pour revenir à l'évolution du trafic, je pense que l'année 2001 a connu une évolution assez appréciable, principalement dans les vols nationaux. Comme je l'ai dit tout à l'heure, le trafic aérien englobe aussi bien le survol sans escales, principalement les compagnies européennes, et l'activité nationale et internationale, qui fréquente les aéroports algériens. Avec l'avènement de la compagnie KHALIFA, en 2001, nous avons connu un boom assez significatif. Pour ce qui concerne le survol sans escales, nous avons connu une régression depuis les événements de septembre mais qui semble s'estomper légèrement durant ce premier trimestre.

Justement, de quel ordre était cette régression?

Je n’ai pas les chiffres exacts, mais pour ce qui concerne l'année 2001, il y a eu une récession de septembre à décembre. Maintenant, durant le premier trimestre 2002, il y a une tendance à la reprise. Cette récession a eu également comme autre élément les difficultés qu'on connu certaines compagnies comme SWISSAIR, SABENA et AIR AFRIQUE. Il y a également certaines compagnies habituelles comme BRITISH AIRWAYS qui ont connues quelques difficultés de trésorerie. Si je parle de ceci, c’est parce que notre principale ressource sont les redevances aéronautiques procurées par les services rendus et par les services de contrôle de la circulation aérienne. Nous percevons des redevances liées au contrôle, des redevances liées au survol et à l'atterrissage au niveau des aéroports. Notre principale ressource est liée au survol sans escales, compte tenu des trajets et de la position géographique de l'Algérie, ainsi qu’au tonnage parce que les redevances sont indexées aussi bien sur le trajets que sur les tonnages d'aéronefs. Comme ce sont souvent de gros porteurs qui survolent le pays, nos principales ressources sont procurées par ces redevances de survol sans escales.

Les chiffres maintenant…

Monsieur DAOUD: Effectivement, nous avons eu au lendemain des événements de septembre, et pratiquement pour les trois derniers mois de l'année 2001, environ -15% pour ce qui est du survol sans escale international. Au premier trimestre 2002, cette tendance s'est un petit peu ralentie et nous sommes actuellement à -5% à -7% pour les premiers mois, ce qui présage une diminution de cette chute. Concernant les vols nationaux, pour l'ensemble de l'année 2001, nous avons enregistré une augmentation très forte, pratiquement 45% à 50%. Pour ce qui est des vols internationaux, c'est à dire des aérodromes algériens vers des aéroports étrangers ou venant des aéroports étrangers, c'est une tendance d’environ 25% en plus par rapport à 2000. Cette année, cette tendance se confirme encore. Nous avons encore pratiquement 30% d'augmentation dans les vols internationaux pour le premier trimestre de l'année 2002.

Les perspectives sont donc comme vous le disiez sont très encourageantes?

On assiste maintenant à une stabilisation des tendances. Concernant le survol international, on dirait que l’effet après septembre s'estompe. Il faut dire que les compagnies avaient des problèmes financiers tout au long de l'année 2001 et que l'événement de septembre a encore accentué cela, mais maintenant on assiste à un très net ralentissement de cette chute.

Je voudrais revenir plus précisément aux priorités de l'ENNA. Dans ce contexte de développement du secteur aérien algérien, quelles sont vos priorités pour cette année au niveau de la stratégie, de la sécurité?

La position de l'ENNA dans ce processus est de garantir la sécurité afin d’attirer les investisseurs. C'est à dire que nous sommes garants de la sécurité de la navigation aérienne sur tout le territoire, donc de la fréquentation de certaines plates forme où il y a une activité d'investisseurs. A titre d'exemple, HASSI MESSAOUD, par l'activité des compagnies pétrolières qui sont présentes dans le sud, est maintenant en deuxième position en terme de trafic, après la capitale, devant d'autres villes plus importantes, comme Oran, Annaba, Constantine. C'est dire l'importance de la structure aéroportuaire pour les investissements. Il peut y avoir aussi d'autres activités comme le tourisme, par exemple dans certaines localités comme Tamanrasset, Djanet ou Timimoun. Ce sont des activités qui sont génératrices d'investissements. A partir de là, notre mission est beaucoup plus une mission du service public: nous sommes un garant de tout ce dynamisme, pour encourager les investisseurs. Si l'investisseur vient, il faut qu'il trouve les commodités de sécurité pour des déplacements en toute confiance. Voilà un peu notre mission qui reste quand même un service public à la différence de l'EGSA qui a un caractère plus commercial.

Vous avez également évoqué le développent du trafic aérien international et je voudrais parler des compagnies tel que KHALIFA et AIR ALGERIE qui se consolident: on voit de nouvelles destinations se développer comme la destination Paris - Alger qui s'est considérablement développée avec AIR LIBERTE et maintenant KHALIFA va recevoir l'autorisation, si ce n'est déjà approuvé. Quelles sont encore les nouvelles destinations internationales qui sont à l'ordre du jour pour cette année?

Je parle peut être au nom de KHALIFA… Ils ont une flotte d’à peu prés 35 avions, constituée principalement d'Airbus. L'activité de l'ENNA se traduit par le trafic aérien, induit principalement par l'avènement de la compagnie KHALIFA. Les chiffres qui ont été cités tout à l'heure sont influencés par l'activité de KHALIFA.
AIR ALGERIE est restée avec son programme traditionnel, puisqu'il n'y a pas de nouvelles destinations. Par contre KHALIFA ambitionne d'autres destinations. Prenez à titre d'exemple Alger- Johannesburg qui est une ligne qui a été réalisée. Il y a une tendance qu'on peut également remarquer, c'est que KHALIFA se déploie également plus au niveau national, parce qu'ils disposent d'une flotte qui permet de faire du transport régional, comme les avions de type ATR. Il y a plusieurs destinations nationales où KHALIFA qui va seule, AIR ALGERIE s'est désengagée de certaines destinations, parce qu'ils n'ont pas de petite flotte. KHALIFA dispose d'ambitions et je crois que tout dépend du dynamisme.

Qu'en est-il de l'arrivée des compagnies internationales sur l'Algérie ? On dit d'elles qu'elles sont très frileuses à venir se poser sur le sol algérien. Quelle est votre opinion?

Je crois que le meilleur exemple pour les compagnies étrangères est ALITALIA. Elle a fait le pari de venir à Alger cela fait deux ans, deux ans et demi. Il n'y a aucun problème pour la destination Alger sur un plan de sécurité. Je crois que les compagnies sont frileuses sans raisons motivées.

On peut dire que le coup de septembre a refroidi certains qui semblaient s’intéresser à l’Algérie…

Non, je dirais plutôt que c'est des problèmes internes aux compagnies. Prenons l'exemple de SWISSAIR qui venait à Alger et qui a subi des difficultés. SABENA a disparu. BRITISH AIRWAYS a des difficultés. Donc les principales compagnies connues ont du mal à passer ce cap, mais autrement il n'y a plus aucune raison valable justifiée pour ne pas venir à Alger, d'autant plus qu'il y a une demande potentielle. Ce sont des réticences peut être un peu à cause des médias, qui ont tendance à donner une image qui n'est pas la bonne.

Vous venez de le dire précédemment, vous êtes en relation avec beaucoup d'investisseurs étrangers. Quels sont les témoignages de ces investisseurs par rapport à l'Algérie comme terrain d'opportunités d'investissement?

Ce que je peux dire d'une manière générale est que l'Algérie présente beaucoup de potentialités. Le territoire est vaste et présente beaucoup de potentialités aussi bien touristiques qu'économiques, également en dehors du pétrole, principale source de revenu de l'Etat. Il y a d'autres opportunités, comme l'espace maritime, le tourisme, l'espace agricole également. Dans le sud, certaines expériences ont montré que même l'agriculture est un champs également qui est inexploité. Donc en terme d'opportunités pour les investisseurs, je crois qu'il y a beaucoup d'opportunités.

Les obstacles sont un peu les organismes financiers et la réglementation dans ce domaine, qui méritent d'être adaptés, d'être revus, puisqu'on était en économie dirigée. Maintenant nous avons ouvert le marché et il faut se réadapter au contexte actuel, il faut recycler un peu tout le monde et les institutions. C'est difficile et çà ne va pas se faire facilement. Je crois que les meilleurs exemples dans le secteur aéronautique sont l'ouverture du capital de la compagnie nationale AIR ALGERIE au secteur privé et la mise en concession de l'aéroport d'Alger qui n'est pas une chose négligeable en soi.

D'énormes opportunités d'investissement et de partenariats…

Oui, l'aéroport d'Alger traite prés de 60% du trafic national.

On parlait également l'année dernière de la construction d'un deuxième aéroport avec KHALIFA …

Oui, cela était dans les airs mais je crois qu'avec la mise ne concession, c'est quelque chose qui a été laissé en marge. Nous avons mis en avant la mise en concession de l'aéroport, parce que c'est une plate forme qui mérite encore d'être rentabilisée, réactivée. Je crois qu'il y a beaucoup d'opportunités au niveau de l'aéroport lui même. Il y a l'ancienne aérogare et la nouvelle aérogare, donc des infrastructures considérables. Nous nous sommes demandés pourquoi disperser cette activité. Autant concentrer l'énergie sur l'aéroport qui est loin d'atteindre ses capacités. Prenez la nouvelle aérogare, elle a une capacité de traitement de 6 millions de passagers par an. A partir du moment où la mise en concession est faite et l'activité prise en charge autrement, cela va générer beaucoup d'activité. C’est le meilleur exemple d’opportunité d'investissement dans le domaine aéronautique.

Une question un peu plus personnelle maintenant. Quelle a été une de vos plus belles satisfactions depuis que vous êtes à la tête de l’ENNA?

Cela ne fait pas longtemps que j’y suis: au mois de juin, je vais faire deux ans de présence au niveau de l'entreprise. Je pense que ma satisfaction personnelle est les premiers résultats du projet TRAFCA. Ce projet, dont on parle depuis plus d'une dizaine d'années, consiste en la modernisation du système de contrôle de la navigation aérienne en Algérie. C'est une première pour nous, et c'est un élément fondamental dans les missions qu'on assume pour le compte de l'Etat. Cela permet de sécuriser encore plus le système de navigation aérienne. Nous obtenons maintenant les premiers résultats, car nous avons une couverture radar avec un système de traitement des données pour le contrôle de la navigation aérienne. D’ici la fin de l’année nous mettrons en place un système pratiquement en essai.

Un message final aux investisseurs qui veulent aujourd'hui venir sur le marché algérien.

Le message final, je crois que je l'ai dit lors de la précédente question: c'est tout ce que nous sommes en train d'entreprendre actuellement et principalement dans le cadre du projet TRAFCA. Ce n’est pas un projet qui s'arrête, c'est un système qui évolue et qui continue dans les prochaines années. De plus, notre pays est vaste et ce projet ne touche pas uniquement le nord du pays et les hauts plateaux: c'est un système qui va être étendu vers les zones désertiques du sud du pays. Ce que nous pouvons assurer c'est que l'investisseur peut être confiant dans la prise en charge du trafic aérien en terme de sécurité. Il doit être conforté par le projet TRAFCA et par toutes les actions que nous sommes en train de mener au niveau des plate-formes aéroportuaires pour sécuriser aussi bien l'espace aérien, que les destinations finales.

 Read on 

© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv