ALGERIA
la Nouvelle Generation














Monsieur Messaoud Chettih

Interview avec

MONSIEUR CHETTIH
Directeur General d'Algerie Telecom
Algérie Télécom vient d'être créée et se dissocie complètement de la tutelle ministérielle et des PTT. Quels sont les fondements de la création d'Algérie Télécom?

La création d'Algérie Télécom, comme Algérie Postes, correspond à la mise en oeuvre de la réforme du secteur, qui vise à désengager l'Etat des activités économiques. Il fallait, compte tenu de la concurrence du secteur de la téléphonie, créer une structure apte à lui assurer son développement. C'est le but de la création d'Algérie Télécom: une entreprise commerciale de droit privé, société par action et régie par le droit commercial.

Comment peut on quantifier Algérie Télécom, en terme de chiffre d'affaires?

C'est une activité qui emploie une vingtaine de milliers de personnes reparties sur l'ensemble du territoire national. Le chiffre d'affaires est de 35 milliards DA: l'équivalent de 500 millions de dollars. Ce chiffre est amené a doubler dans les années qui viennent.

La société dégage des éxcédents. Dans l'état actuel, ces excédents ne sont pas en mesure de lui assurer la totalité du financement de son développement.

Il y a un plan de restructuration qui va être mis en place?

C'est un plan qui consiste à faire basculer la totalité de cette activité vers une activité commerciale. C'est une opération assez complexe qui doit être menée dans les prochains mois..

Comment allez vous gérer cette politique commerciale, et cette nouvelle image?

Ceci est l’un des grands enjeux de cette nouvelle structure. Cet aspect commercial est une donnée essentielle, surtout la qualité du service qui ne peut pas être développée dans une organisation administrative. Aujourd'hui, le client se plaint, conteste les factures, les délais de satisfaction de la demande. Tout ceci devra constituer être notre priorité.

Pour pallier ce manque de qualité du service, existe-t-il beaucoup d'investissements en technologie qui vont être à l'ordre du jour pour améliorer les réseaux et les services?

Tout à fait. Les raisons de la relative mauvaise qualité sont multiples. Elles sont liées à l'organisation, à la formation, mais également à des moyens techniques non encore disponibles.

Quelles sont vos priorités au niveau de votre direction, dans quel secteur des activités vous atteler en premier?

En priorité, démarrer la restructuration, tout en assurant en même temps la continuité de l'activité. D'un autre coté, il y a eu beaucoup d'actions qui ont été engagées par le Ministère et qui revêtent des caractères de priorité. Par exemple, la mise en place d'un nouveau système de gestion, avec l'apport d'un partenaire extérieur, qui permette une meilleure gestion de la relation avec la clientèle. Il s'agit de "SOFRECOM" une filiale de France Télécom. Il y a aussi tout le programme de désenclavement des zones isolées, dans le cadre du programme national de relance et financé sur budget de l'Etat.

Il y a également la remise à niveau des réseaux urbains et interurbains. Il faut doter aussi Algérie Télécom des moyens pour que ses employés puissent faire leur travail dans des conditions acceptables. Il y a certaines zones dans des directions régionales où les centrales de téléphonie existent mais où il n y a pas de câbles. Comme c'est une organisation centralisée, elle connaît des difficultés à décliner le matériel vers les lieux de travail. Les priorité sont donc nombreuses.

Quelles sont à votre avis les principales forces de freinage à ces changements?

Si nous communiquons bien en direction des collectifs de travailleurs et que nous leurs expliquons les raisons et les attentes de cette nouvelle organisation, il ne peut y avoir qu'une adhésion des collectifs. La communication va aussi être l’une des priorités. Il y a une bonne maîtrise technique au sein des telecoms, aussi bien chez les anciens que les jeunes. Mais ce sont des gens qui demandent à pouvoir exprimer leurs talents en les formant ou les remettant à niveau… Je ne vois pas de difficultés particulières.

Le problème des télécom est un problème d'offre et non pas de demande. Nous sommes loin de satisfaire les besoins exprimés. Il faut qu'Algérie Télécom réagisse rapidement, même si la situation actuelle est confortable, car la concurrence va venir et c'est peut-être elle qui se chargera de satisfaire ces besoins.
On parle de l'arrive d'un nouvel opérateur cellulaire. Est ce qu'Algérie Télécom est un partenaire de celui-ci?

C'est un partenaire qui est déjà opérationnel.

Il y aura d'autres licences qui vont être engagées, comme pour le fixe qui sera ouvert à la concurrence vers la fin 2003. Algérie Télécom doit conforter son réseau GSM, sachant qu'il y a déjà de la concurrence. Cela est un des objectifs dans les priorités. Nous avons un projet de 500 000 lignes dont les opérations sont presque finalisées pour être lancées en réalisation effective.

L'ouverture du capital des télécom est prévu pour bientôt. Aujourd'hui, à quel stade en est ce projet?

C'est un objectif gouvernemental qui a été annoncé par le Président de la République lorsqu'il était en visite en France. Algérie Télécom a besoin d'un partenaire stratégique avec une ouverture de capital à hauteur d’environ 30%. Algérie Télécom a besoin de ce partenariat en vue d'un apport technologique, managerial…

Le partenariat étant essentiel, plusieurs sociétés comme Telefonica et France Télécom ont montré un certain intérêt pour le marché algérien. A quel stade sommes nous au niveau de ces alliances stratégiques? Pour le moment les alliances portent sur la fourniture d'équipements. Il n'y a pas de stratégies communes dans un marché donné. Algérie Télécom venant d'être créée, le ministère ne pouvait pas engager des alliances autres qui consistent à s'approvisionner en matériels. Mais cela devrait venir, sur le GSM, sur l'Internet, sur le transport de l'image…

Dans quel secteur des activités d'Algérie Télécom souhaiteriez vous engager un partenariat?

Actuellement pour moi, il est un peu trop tôt de le dire. Mais compte tenu des développements récents de ce secteur, l'étendue des activités offre pas mal d'opportunités.

Est ce qu'il est prévu de développer l'Internet au niveau d'Algérie Télécom?

Il y a un plan puisque l'activité existe déjà. C'est une activité qui est génératrice de résultats financiers intéressants. Cette activité doit être développée au sein d’Algérie Télécom.

Vous êtes un grand manager reconnu et notre magasine s'adresse aux hommes d'affaires. Pouvez-vous nous donner un petit parcours historique de votre propre vie professionnelle?

Mon parcours professionnel a été jusqu'ici dans la sidérurgie. J'ai commencé comme simple ingénieur après ma formation à l'école centrale de Paris. En gravissant les différentes fonctions de responsabilités, je suis arrivé au niveau du holding, où nous avons pu ouvrir le capital de la sidérurgie algérienne. Une opération assez délicate. L'opération est considérée comme une réussite, car les partenaires sont sérieux et les principaux objectifs fixés par l'Etat ont été assurés. Je suis passé d'un secteur en grave difficultés financières, à un autre secteur qui n'est pas en crise mais qui a ses complexités. C'est aussi un challenge qu’il faut relever.

Qu'avez vous pensé lorsqu'on vous a proposé le poste de Directeur Général d'Algérie Télécom?

La sidérurgie a toujours été un terreau de formation du personnel, c’est une grande école pratique. On y est confronté à toutes les possibilités, tous les problèmes, toutes les techniques. C'est l'apprentissage et l'expérience dans ce secteur qui a probablement motivé ce choix.

Quel le message que vous pourriez passer aux investisseurs étrangers?

Dans le secteur des télécoms, il est admis et reconnu que les marchés porteurs sont les marchés maghrébins, des marchés en phase de développement. Il y a un intérêt pour ces opérations de partenariat. Mais nous les voyons différemment. Nous voulons aller au-delà du simple achat des équipements, et des installations. Nos partenaires doivent le comprendre et agir dans cette perspective. Une bonne affaire est une affaire où les deux parties gagnent. L'Algérie a souffert d'une image qui a été déformée, incomprise. Les partenaires devraient venir pour vérifier ce que nous pensons être la véritable image.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv